- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012

LEs INTÉRÈTS MUSICAUX DE LIN CoLLIARD monopolisé, dans l'Europe entière, l'attention cles musiciens et cles chapelles musi– cales. Ce fonds, inventorié par Giorgio Chatrian dans les années 80, après avoir été rassemblé par Lin Colliard au moment de la réorganisation cles archives, témoigne de l'activité musicale au sein de la Cathédrale d'Aoste, de ses protagonistes et du répertoire utilisé. Il se compose de plusieurs manuscrits et d'imprimés, à partir cles principales ceuvres musicales cles grands compositeurs du XVIc siècle, ainsi que de partitions cles auteurs les plus connus à l'époque, ayant vraisemblablement appar– tenu aux archives de la musique de la Maitrise cles lnnocents 4 • Et nous voilà arrivés au troisième apport de Lin Colliard du point de vue musical, le plus intéressant peut-etre et surement le plus autochtone: la tradition du chant en Faux-bourdon, pratique de chant polyvocal qui se situe entre la tradition écrite et la tradition orale, transmise de génération en génération de chantres, aussi bien dans les deux poles spirituels d'Aoste, la Cathédrale et la Collégiale Saim-Ours, que dans toutes les paroisses de la région. Utilisé pour le chant cles psaumes et de quelques hymnes et cantiques, le Faux-bourdon se basait sur une technique d'im– provisation orale suivant cles schémas fìxes. La basse, représentée par la monodie grégorienne, était généralement jouée à l'orgue, ou bien elle était chantée dans une sorte de tuyau de tole, dénommé "tubo" ou "faux-bourdon''. Pendant les années 60, en effet, Lin Colliard se rendit compte de l'importance historique, musicale et ethnologique de cette pratique, qu'il put encore écouter parla voix cles derniers chantres, avant qu'elle ne disparaisse à jamais. D'où l' exigence de sauver de l' oubli certain ce témoignage de foi du peuple valdotain, en enregistrant, par cles moyens techniques très simples, ces derniers témoignages. Cette intuition géniale constitue le début d'un long travail de recherche et d'appro– fondissement, accompagné de toute une série de documents écrits et de trans– criptions, qui furent soumis à l'attention du regretté professeur Roberto Leydi de l'Université de Bologne. Bien convaincus de l'originalité et de l'unicité de ce réper– toire qui, par ses caractères, représentait effìcacement un aspect important de la spiritualité de nos communautés de montagne, Lin Colliard et Roberto Leydi, qui dans leur substantielle diversité étaient liés par une affìnité humaine et intel– lectuelle à la fois, décidèrent de m' en confìer l'étude systématique. Les résultats de cette recherche contribuent à la focalisation d'un aspect tout à fait spécifìque de notre identité culturelle 5 • 4 G. CHATRIAN, Il Fondo musicale della Biblioteca capitolare di Aosta, Torino, Centro studi piemontesi, 1985; L. CoLLIARD, Le journal de la grande Sacristie d'Aoste de 1730 à 1784, in "Recherches", III (1971), pp. 45- 119; L. CoLLIARD, Vie liturgique et pratiques de dévotion à Aoste au XVIII' siècle, d'après !es ]ournaux de la Grande Sacristie de la Cathédrale, in BASA, n.s., VII (2000), pp. 9-151; LAGNIER, La musique sacrée... cit. 5 E. LAGNIER, Il Faux-bourdon in Valle d'Aosta, Università degli Studi di Bologna, Dipartimento di Musica 79

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