- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012
EMANUELA UGNIER pratique dans le rit valdòtain aussi, qui possède un nombre très grand de tropes du Kyrie mais aussi du Gloria et du Sanctus, dont l'étude serait nécessaire pour l'appro– fondissement cles traits saillants de notre liturgie particulière. En ce qui concerne le Kyrie en question, provenant de la chapelle de Champagnod (Torgnon, XVIIIc siècle) un ajout de texte et de mélodie se trouve encadré dans la formule classique du Kyrie eleison-Christe eleison-Kyrie eleison répétée trois fois, ce qui permet une exécution alternée entre le solo et le chceur 13 • La dernière pièce de chant est le répons qui dans l'affice funèbre suit à la VIII< lecture du 3c nocturne 14 • Dénommée aussi Grand Libera à cause de ses proportions et surtout, pour la valeur expressive dont elle est porteuse, cette pièce apparaìt très fréquemment, mème au-delà de sa position liturgique, étant présente presque dans chaque fonction rituelle de l'Eglise valdòtaine 15 • La présence du Libera me bien après l'abolition du rit spécifique (1828) témoigne de la transmission systématique de ce chant dans le répertoire populaire, dont il représente d'un còté la mémoire historique de l'ancien rit et, de l'autre, la continuité d'expression dans la mémoire collective, c'est-à-dire le trait d'union entre l'ancienne tradition et san évolution au sein de la romanité catholique. Le Libera me acquiert ainsi un aspect dévotionnel tout à fait spécial, dans le contexte cles prières traditionnelles valdòtaines; n'étant plus strictement lié à l'affice funèbre, il est chanté dans les occasions les plus diffé– rentes, presque dans toutes les célébrations liturgiques, en l'honneur cles défunts et en leur mémoire. Du point de vue structurel, le Grand Libera était composé à l'ori– gine, de 7 versets et, idéalement, il s'inspire de la séquence du Dies ir& de la messe funèbre. Sa version classique du point de vue textuel semble avoir cles origines plu– tòt anciennes, d'aire franco-germanique remontant vraisemblablement au Xc siècle. Lintégration textuelle qui caractérise la version valdòtaine se présente camme une adjonction sùrement postérieure 16 • La mélodie, plutòt ornée, est presque analogue pour les deux textes romain et valdòtain, ce dernier un tout petit peu plus mélisma– tique, mais en complet accorci avec les nombreuses sources écrites que les Codices du rit valdòtain nous ont transmis jusqu'à nos jours, et dont le professeur Colliard avait une profonde connaissance, bien convaincu de leur inestimable valeur litur– gique, artistique et musicale pour l'histoire de la communauté valdòtaine. 13 COLLIARD, Un Kyrie... cit. 14 AMIET, Repertorium... cit., I, p. 173; "Recherches" cit. 15 LAGNIER, Il Faux-bourdon... cit, pp. 46-55. 16 Libera solenne! à l'usage d'Aoste 1834, Ch!ttillon le 1"juillet 1837, ms. 82
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