- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012

JosEPH-CÉSAR PERRIN En 1976, dans la conclusion de san o:uvre imposante et magistralement complète, La culture valdotaine au cours des siècles 1 , Lin Colliard se déclarait soucieux à l'égard de l'avenir du Val d'Aoste et de sa culture, héritage d'un long processus historique qui avait forgé une identité propre à ce pays. Vingt ans plus tard, il revenait sur ce concept en développant ses deux aspects: l'identité culturelle et l'identité politique. La première, faisant partie d'une iden– tité plus vaste comprenant les territoires à cheval des Alpes Graies et Pennines et forgée par une histoire séculaire commune, se résume dans la culture matérielle et immatérielle et, surtout, dans la « conscience commune d'appartenance », fon– dement de sa survie. I.:identité politique est, par contre, propre à notre Pays. Elle s'appuie sur l'esprit autonomiste et s'est formée progressivement à partir de la prise de conscience du particularisme politique. De plus, cela n'est pas le fait d'une élite car «le sentiment d'appartenance à une identité culturelle et politique a été l'apa– nage de toute la collectivité valdòtaine à travers les àges, à des degrés divers, bien sùr >> 2 • Ce sentiment doit etre cultivé, car il constitue les fondements sur lesquels se soutient l'avenir du peuple valdòtain: « Seulement en s'appuyant et en approfondissant cette conscience d'apparte– nance,- dit-il-l'identité culturelle valdòtaine peut avoir une chance de sur– vie, soit face à un éventuel État fédéral italien, soit vis-à-vis de la perspective d'un fédéralisme européen vers lequel notre société moderne, malgré tout, semble s'acheminer » 3 • En effet, Colliard était conscient que de graves dangers minaient la survie de la minorité valdòtaine; il en voyait surtout deux: « l'un de nature interne, l'autre externe », disait-il. C'est-à-dire, d'une part, la désunion des Valdòtains, qui, en les affaiblissant, risquait de démolir l'o:uvre de renaissance identitaire commencée après la Libération pour réparer les maux causés par la dictature fasciste, et, d'autre part, l'immigration massive et croissante qui noyautait les autochtones et les ren– dait petit à petit minoritaires dans leur propre pays. Il en indiquait, lui-meme, les remèdes. L. CoLLIARD, La culture valdotaine au cours des siècles, Aoste, Ida, 1976. 2 Il faut souligner que, tout en défendant le concept d'une identité culturelle et politique propre à toute la communauré valdòtaine, Colliard n'a pas oublié la minorité présente au Val d'Aoste: celle des Walser, « perle précieuse et rare, enchassée dans nos montagnes "· Dans sa vision fédéraliste, il aflìrmait que « la sauvegarde de certe identité, ainsi que son intégrité, constituent un point d'honneur auquel tout valdòtain, tout régionaliste authentique, ne saura jamais renoncer ». 3 L. CoLLIARD, L'identité vald/itaine: quelques réjlexions, in "Le Flambeau/Lo Flambò", 2/1996, p. 8. Cet écrit est la conférence que le professeur Colliard a donnée à Saint-Vincent le 25 mai 1996 à l'occasion de l'ouver– ture des États généraux de la culture valdòtaine. 88

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