- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012
JosEPH-CÉSAR PERRIN À ce profond spécialiste cles sources de l'histoire valdotaine, nous devons aussi deux autres opuscules. Le premier, Origine, progrès, révolution etfinale paralysie du Conseil des Commis 10 , est la publication du mémoire de l'avocat Jean Christillin dont Colliard analyse la théorie de la souveraineté du peuple qui est le fondement de cet essai; ses condusions rapprochent cet écrit.du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau. Dans le deuxième, il recueille sous le titre d' Édits des ducs de Savoie concernant le particularisme valdotain 11 - et c'est son dernier "Cahier" - quinze édits que les Val– dotains surent arracher à leurs souverains au cours de trois sièdes (1430-1723) et par lesquels les ducs leur octroyaient ou confìrmaient les libertés, franchises et cou– tumes particulières; documents qui démontrent comment les Valdotains, hostiles à toute forme d'absolutisme, ont su imposer, dit-il, «un régime de monarchie limitée par les libertés locales » qui a constitué jusqu'en 1773 le fondement de l' autorité du gouvernement local et cles amples pouvoirs acquis. Évidemment, ces sept "Cahiers" ne sont pas les seules reuvres où Colliard a étalé sa pensée sur le particularisme valdotain, car toute sa vaste bibliographie en est pétrie. Toutefois, ce petit excursus est déjà suffìsant à démontrer que sa conception de cet aspect et de la persistance de l'idéal autonomiste et l'analyse qu'il en a faite s'éten– daient à 360 degrés. En effet, il induait dans ce particularisme tous les volets pos– sibles (politique, juridique, administratif, religieux, linguistique ... ) encadrés dans leur moment historique et examinés dans leur évolution dans le temps. Était-il, clone, un laudator temporis acti? Un traditionaliste replié sur le passé? Ab– solument pas. Certes, on ne peut pas nier son appréciation pour l'ancien loyalisme cles Valdotains envers la Maison de Savoie et pour leur culte du régime particulier qu'ils avaient su arracher et défendre pendant de longs sièdes. Cela« ne constitue certainement pas un démérite », disait-il. De meme, nous connaissons son attache– ment à cette dynastie, affection à propos de laquelle nous nous taquinions amicale– ment, lui me reprochant mon « laicisme » envers la monarchie, moi lui rétorquant que ma fìdélité aux Savoie s'arretait à 1730 quand Charles-Emmanuel III s'était refusé de prerer serment de reconnaitre et de maintenir les libertés valdotaines. Colliard n'était pas un passéiste; bien loin de là, il y avait en lui l'homme de notre temps. Si l'historien a examiné en profondeur l'ancien particularisme valdotain, ce n'est pas pour le faire revivre tout court dans les institutions actuelles, mais parce que « la pensée autonomiste est l'une cles composantes essentielles de notre culture» et qu'elle est le« fondement et raison d'etre de l'actuel régime d'aurano- l O L. CHRISTILLIN, Origine, progrès, révolution et finale para!ysie du Comeil des Commis, par !es soins de L. Colliard,Aoste, Due, 1973 ("Cahiers", IV). 11 L. CoLLIARD, Édits des ducs de Savoie concernant le particu/arisme valdotain, Aoste, Imprimerie Valdòtaine, 1973 ("Cahiers", IX). 92
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