- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012
LrN CoLLIARD ET SES IDÉAUX AUTONOMISTES mie », écrivait-il; il fallait en transmettre la connaissance à la jeunesse très peu ou pas du tout au courant de notre passé mais désireuse d'apprendre. Notre directeur voyait une étroite relation entre l'ethnie valdòtaine - notez qu'au cours des années 70 du siècle dernier il fallait du courage pour employer ce terme, condamné par certaines forces politiques; j'y reviendrai - et notre culture qui se soutiennent l'une l'autre. En effet, celle-ci ne peut survivre sans la présence active du « groupement ethnique, dont elle est l'expression directe »; à son tour, le groupe autochtone ne peut se maintenir et se fortifìer qu'en ranimant sa propre culture et en se nourrissant d'elle. Mais ce groupe, remarquait-il, était menacé de plus en plus de devenir minoritaire dans sa propre patrie et il constatait amèrement que, si déjà l'industrialisation et la première vague d'immigration de l'après Grande Guerre « en altérant l'équilibre démographique de la Vallée d'Aoste, étaient en train de transformer brusquement, d'une façon illogique et "innaturelle", la physio– nomie ethnico-sociale du Pays » 12 , à cela s'ajoutait au cours des années 60 et 70 une deuxième grande vague provenant du Sud de l'Italie. Or, une expansion incontròlée d'éléments allogènes conduirait, disait-il, à « une "colonisation" qui, renversant toute proportion, réduirait au ghetto le groupe local minoritaire et enfìn l'anéantirait. Ce qui constituerait, en défìni– tive, un "génocide" non brutal, mais véritable » 13 • Pour cette raison, il demandait que les nouveaux arrivés adhèrent à la vie, à la culture, aux valeurs locales et, repoussant toute possibilité d'attaque, il s'interro– geait: « Défendre sa propre identité, le patrimoine culture! et les valeurs essentielles du Pays, menacés par une vague colonisatrice, serait-ce du racisme? » Sa réponse négative est plus qu'évidente. En effet, s'il était un ferme admirateur de l'ancien particularisme et un extreme défenseur de l'autonomie reconquise grice à la persistance de l'idéallibertaire du peuple valdòtain et de son élite, s'il aimait profondément son pays, si toutes ses recherches historiques et littéraires ont été un hymne au Val d'Aoste, si parfois il pensait avec regret au glorieux passé de sa « petite patrie », Colliard n' était cer– tainement pas un conservateur borné. Il ne voulait pas un retour à une situation politique assurément illustre, mais désormais surannée. 12 L. CoLLIARD, Avant-propos à L. ]ACCOD, Nos raisons... cit., p. 6. 13 CoLLIARD, La culture... ci t., Conclusions, p. 675. 93
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