- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/06/2012
LIN COLLIARD ET SES IDÉAUX AUTONOMISTE$ « Ce n'est évidemment pas un retour à une sorte de particularisme médiéval que l'on préconise, - écrivait-il- mais un mouvement qui, tout en ne reniant pas les groupements nationaux, tend à les surmonter, sur le fondement d'un processus de régionalisation, prélude à une concentration fédérale: l'Europe des ethnies » 16 • Or, dans un moment où une partie de l'historiographie italienne considérait que la culture de l'autonomie, l'identité, le particularisme politique historique n'étaient que des « mythes », Colliard a eu le courage de déclarer à maintes reprises que, bien loin de là, ces concepts étaient la réalité et la vérité et d'affirmer haut et clair et de proclamer l'ethnicité de san peuple: « Je sais parfaitement- écrivit-il- que la notion d'ethnie continue, en Italie surtout, à demeurer suspecte. Certes, il n'existe pas une défìnition univoque d'ethnie. Dùment élagué de toute donnée ou référence biologique, ce terme est l'équivalent de celui de culture; mais personnellement il me semble plus prégnant que ce dernier. C'est pourquoi je continuerai à en faire usage dans l'acception que j'ai dit. Par ailleurs, tout un courant moderne, surtout dans le domaine de la sociologie, vise à revaloriser cette notion, ainsi que celle de "civilisation" et de "civiltà" retournées en honneur chez presque tous les his– toriens » 17 • Toutefois, et je le répète, en remarquant avec force le particularisme valdotain, Col– liard ne voulait absolument pas exprimer un désir de fermeture ni de repliement sur soi-meme de la communauté valdòtaine. Bien au contraire, il soutenait l'action vers le fédéralisme, d'abord en Italie, puis en Europe. Mais cette Europe fédérale ne devait pas répéter les erreurs de l'ancien étatisme, car cela aurait écrasé encore davantage les petites communautés. Sa vision du fédéralisme européen découlait du fédéralisme cantonal suisse: non pas une Europe des États, technocrate, marchande et centralisatrice, mais une Europe des ethnies, dans laquelle trouveraient leur place les petits peuples qui, reniant les égo1smes, s'uniraient pour le bien commun. « LEurope des ethnies, sur l'exemple suisse, ne peut que demeurer un élément de liaison, d'entente et d'ouverture, tandis que l'"ethnocratisme", qu'on me passe certe expression, borné, égo1ste, stérile, dernier reflux du provincialisme, est voué à l'échec » 18 • 16 CoLLIARD, La culture... ci t., p. 676. 17 Io., L'identité valdotaine... ci t., p. 6. 18 Ibid., p. 8. 95
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