- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013
]OSEPH-CÉSAR PERRIN vées, lui avaient donné une vision un peu trop positive du régime fasciste et surtout une ouverture enthousiaste à la société moderne. Il est intéressant à cet égard de reproduire une partie de sa lettre du 5 aout 1927 à l'abbé Trèves, car elle nous dévoile ses idées et san penchant pour le changement et le progrès, voire, malgré tout, san acceptation du régime fasciste : « Enfin de mon coté -lui écrivait-il- je vous dirais franchement que je verrais avec bien de plaisir vous orienter insensiblement vers le nouvel ordre de choses qui règne en Italie. ]e crois que vous n'avez pas la sensation exacte de l'organisation formidable, ration– nelle, scientifique qui groupe en ce moment toutes les forces de la nation en un seui bloc, qui crée l'unité italienne de fait. C'est inévitable que cet état de choses impone cles sacrifices parfois graves aux membres de ce bloc. Mais il faut avouer que ce meme état de choses est parfaite– ment conforme aux nécessités de l'époque où nous vivons. Il ne faut pas oublier que nous sommes à l'époque de la radio, du vertigineux rythme ascendant de la civilisation mécanique, du développement incessant de l'aviation- 400 kilomètres à l'heure -, que nous sommes les contemporains cles grandes fusions industrielles, cles cartels américains et européens cles grandes industries qui tendent à se fondre ou à se grouper meme au prix de graves sacrifices présents pour l'avantage de l'avenir, enfin que la vie économique individuelle moderne tend à se grouper pour mieux résister aux attaques de la lutte économique entre les classes sociales : Ainsi faut-il s'étonner si l'on commence de voir à l'ceuvre le nivelage meme dans nos vallées les plus reculées cles Alpes ? C'est une nécessité historique inévitable que notre petite Vallée, nettement orientée vers Rome, aille perdant ses caractéristiques de petit état intramontain, si cher au bon De Tillier, à l'époque où la viabilité principale de la Vallée, agrémentée de la rude montée de la Mongiovetta, n'avait d'autres moyens de transport que le dos cles mulets et les épaules carrées de nos montagnards. Nous sommes bien loin de ces temps-là. A coup sur il faut les admirer avec respect, mais pas les regretter !... D'ailleurs nous ne pouvons pas nier qu'il y a beaucoup de choses à l'actif. Pour commencer, la création d'Aoste à chef-lieu de province, la ligne Aoste- Pré– Saint-Didier, etc. Ne parlons pas de la tranquillité absolue qui règne partout, le respect à la religion remis en honneur (les autorités nous en donnent l'exemple), le grand entrain aux travaux publics et industriels que cette tranquillité absolue encourage, la Vallée d'Aoste qui va se transformant en un immense transformateur d'énergie électrique. Au point de vue économique on ne peut nier qu'il y a un avan– tage très nettement marqué, et nous ne sommes qu'au commencement » 36 • 36 AHR, Fonds Félicien Gamba, cart. IX, 1/A, leme du 5 aout 1927. 96
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