- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013
}OSEPH-CÉSAR PERRIN notre historien préconisait d'inverser la devise Frangar non Jlectar en Flectar non frangar. C' est-à-dire, se plier au régime et collaborer avec lui pour ne pas en etre écrasés, car toute opposition, pensait-il, était stérile et destinée à s'épuiser. Certes, au moment où la presque totalité des Italiens s'était pliée à la dictature, il n'était pas facile de penser autrement. Sans le pusillus grex de Trèves et son action de résistance, Gamba aurait été malheureusement un bon prophète ; mais c'est grace à ceux qui ne se sont pas pliés aux diktats du régime fasciste que le Val d'Aoste a pu obtenir l'autonomie et, grace à elle, sauvegarder tout ce patrimoine immatériel- de la langue aux traditions - qui nous est propre et qui caractérise notre civilisation. D'ailleurs Gamba, lui-meme, s'était refugié dans le passé, à la recherche de la mé– moire historique pour faire revivre san Pays. Un bon paléographe et un bibliophile passionné Pour ce faire, Gamba a du affronter les diffìcultés des anciennes écritures, mais le fait de demeurer à Turin lui a permis de se perfectionner dans l'art de la paléogra– phie. Les transcriptions complètes ou partielles des documents dont il s'est servi pour élaborer san ouvrage démontrent qu'il avait une bonne connaissance en cette matière. Quoiqu'autodidacte, il s'y était perfectionné à force d'exercices. Il était, lui-meme, conscient de ces capacités et, en 1927, il déclarait à l'abbé Trèves qu'il avait déjà transcrit les documents les plus diffìciles à lire, y compris ceux, à première vue indéchiffrables, des anciens notaires de Montjovet et il ajoutait que « avec le temps et la patience, je les ai tous digérés, et je ne crains plus dès à présent la terrible incognita de la paléographie » 39 . Labor omnia vincit improbus ! Bon paléographe, mais aussi bibliophile. En effet, quoique Gamba voulut conduire son travail d'historien de première main en s'appuyant directement sur les docu– ments, il avait quand meme besoin de publications concernant les domaines de ses recherches afìn d'avoir des exemples et des points de confrontation et de pou– voir comparer les résultats. Aussi, depuis qu'il s'était intéressé à l'étude de l'histoire locale, il avait commencé à se procurer des livres. Petit à petit, il put constituer une bibliothèque personnelle. San ami Trèves lui envoyait régulièrement les opuscules qu'il publiait ; il lui procura aussi à maintes reprises le "Messager Valdòtain" ; il s'intéressa auprès du chanoine François-Gabriel Frutaz pour lui faire avoir la collec– tion complète du Bulletin de l'Académie Saint-Anselme ou d'autres livres d'auteurs valdòtains. Aussi, grace aux dons de ses amis et aux achats faits à Turin, Gamba parvint à constituer une bonne bibliothèque d'ouvrages historiques. Son ami abbé, qui l'avait vue, en était admiratif et lorsque vers la fìn des années 20 il avait lancé 39 AHR, Fonds Félicien Gamba, cart. IX, l/A, !eme du 19 juin 1927. 98
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