- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013

fÉLICIEN GAMBA, UN HISTORIEN MÉCONNU Examinons brièvement leur contenu en commençant par le glossaire et la topo– nymie que l'auteur, incité par san ami Joseph-Marie Trèves, a voulu insérer dans son a!uvre. :Labbé Trèves, dès le début cles années 30, s'était proposé de s'occuper du patois et de la toponymie d'Émarèse et il avait exhorté son ami pour qu'il en fasse autant pour Montjovet. Or, tandis que pour l'abbé cetre idée-là resta l'un de ses nombreux reves, Félicien Gamba s'était mis au travail. Au mois de mars 1936 Trèves se déclarait heureux de voir son correspondant aborder ces sujets pour tout le mandement, mais le début de la recherche doit remonter aux années précé– dentes : en effet, Félicien avait commencé d'abord à relever les toponymes cles livres terriers d'Iblet de Challant de 1376, mais il n'en viendra pas à bout. Le glossaire eut un meilleur succès mais son élaboration sera lente car Gamba y travaillait encore au cours cles années 60 du siècle dernier et le travail restera, néanmoins, inachevé. Le Glossaire comparé du patois de Montjovet (carton r, r 8 dossiers) est précédé de notes introductives concernant les particularités linguistiques, la graphie, la prononciation, l'influence cles dialectes gallo-romans et d'autres parlers sur celui de Montjovet 82 • Les entrées cles lettres A et B (de ABADÉ à BUSA) sont probablement la version mise au net, celle défì.nitive que Gamba se proposait de publier, tandis que celle cles autres lettres est encore in fieri puisque les articles sont beaucoup moins soignés, on y note cles corrections et cles listes de mots à insérer. Le travail n'a pas été terminé car il s'arrete à la lettre P (entrée Promèttre). Toutefois, malgré que le glossaire soit inachevé, l'a!uvre est bien méritoire car son auteur s'était attelé à un domaine alors eneore presque inexploré au Val d'Aoste. En effet, à cetre époque-là, seuls la grammaire (1893) et le dictionnaire du patois (1909) de Cerlogne avaient été publiés 83 et Gamba peut clone erre considéré, lui aussi, comme un pionnier dans ce domaine. Dans son Avant propos, rédigé probablement au cours cles années 60, Gamba nous dit son inquiétude et son tourment de voir que le francoprovençal se perd lente– ment mais progressivement et qu'il se dénature par l'apport d'idiomes importés de toutes les régions italiennes. Voulant combattre cet hybridisme, étranger au parler local, il s'est mis au travail, mais en rédigeant ce glossaire il n'a eu d'autre ambition que celle d'un enfant du Pays qui « avant de partir pour l'éternité, a vivement senti la nécessité de recueillir !es mots patois du pays où il est né afìn d'empecher autant que possible la dispersion d'une 82 D'après Gamba, au poim de vue linguistique, Momjovet est le poim de convergence du dialecte de la Haure-Vallée (francoprovençal), de celui allemand du Valais, passé à travers Ayas, dom dériverait le H aspiré local, et des parlers du Piémom et de la Provence. Celui de Momjovet selon lui « est le dialecte le plus imprégné de provençal "· 83 La Grammaire du patois d:.4yas du docteur Pierre-Joseph Alliod (1831-1898) a été éditée en 1998 par Saverio Favre; le Dictionnaire du patois valdotain rédigé par le chanoine Édouard Bérard (1825-1889) vers le troi– sième quart du XIX' siècle ne sera publié qu'en 2005 par Stefania Rouller. 113

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