- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013
JosEPH-CÉSAR PERRIN faule de mots, de propos, de devinettes, etc., sentant d'une manière authentique la voix du terroir, l'humus de nos ancetres >>. I.:auteur a voulu adopter une graphie la plus simple possible et éviter d'employer trop de signes diacritiques- qui cependant sont présents- dans le but de faciliter la lecture à tout le monde, car l'reuvre n' avait pas été conçue pour les linguistes et les savants mais pour le peuple. Il emploie, par exemple, le signe H' pour indiquer le H aspiré qui pour Montjovet présente une difficulté car là il n'a pas un son dur, dit-il, mais« plus coulant où transparait à la fin de l'aspiration un S léger et doux ». Il faut signaler que ce glossaire est une riche source de données non seulement linguistiques mais aussi ethnographiques : les descriptions des objets de travail, les évocations de la vie quotidienne des campagnards, la description des traditions propres à la communauté, les évocations des fetes d'antan ou les rappels des évé– nements importants, les notes d'histoire, les proverbes, les devinettes ... nous resti– tuent l'image d'un monde qui a disparu à jamais. Sans vouloir entrer dans les détails 84 , je fournis au lecteur un exemple en citant la première entrée du glossaire : (( ABADÉ LI VAcE Laisser paitre le troupeau à l'abandon- sans se préoccuper cles limites de propriété - à travers la campagne déjà presque dépouillée d'herbe, pour en recueillir les der– nières bribes. Propre cles pays de montagne vers la fin de l'automne. Val. ABADÀ (Cerl.), Valt. ABADÀ (Merlo), Sav. ABADÀ (C. et D.), S' Vinc' ». Dès la fin de 1930, Joseph-Marie Trèves s'était posé la question de comment écrire le patois et il en avait parlé à son ami. I.:abbé, qui avait lu la grammaire et le dic– tionnaire de Cerlogne, n' avait pas de doutes à cet égard : << Il me semblerait juste, vrai, naturel et pratique - lui écrivit-il, entre autres - de préférer la graphie soit prononciation française à l'italienne, du moment que nos toponymes sont du vieux français ou du roman ou du celte ou ligure, la plupart du temps latinisé ou romanisé et jamais italianisé jusqu'ici par nos campagnards. Ainsi, le mot Clappey je l'écrirais plus volontiers : toponyme : Quiapey- graphie française- que non pas Chiapey, graphie italienne [. . .]. De mon còté je préfere Kiapey, qui donne la prononciation idéale patoise, ni fran– çaise, ni italienne , 85 • 84 Pour une analyse approfondie du glossaire de Montjovet voir A. BÉTEMPS, « Un glossaire méconnu : Félicien Gamba et le patois de Montjovet >>, in Lexicologie et lexicographie francoprovençales, Actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifìque du Cenere d'Émdes francoprovençales, Saint-Nicolas 16-17 décembre 2000, Brel, 2002, p. 73-79. 85 CoLLIARD (par les soins de), Lettres de l'abbé.. . ci t., p. 263-264, leme du 14 mars 1936. Cabbé désirait clone s'approcher, lorsque cela est possible, du dialecte local. 114
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