- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013

TERSILLA GATTO CHANU LA VEUVE DANS LES BOIS • Pendant le mois d'Aout 1868j'avais un jour un accès de mélancolie etje me promenais seul sur le beau Plan-Fenetre. Tandis que j'étais tout absorbé dans mes tristes pensées, je vis une dame assise sous des mélèzes; elle portait des habits de deuil, et sur son visage se rejlétait une tristesse devenue habituelle. C'était la jeune veuve F... ]e la considérai quelques moments d'une manière furtive, puis je rétrogradai de peur de troubler ses réveries. En m'acheminant vers Comboeje rencontrai de nouveau des personne en deuil. Parmi ces personne, l'une surtout était entièrement vétue de noir, c'était M'" L. B... Cette vue successive de deux veuves affligées m'inspira la poésie suivante. ]e n'ai point parlé du beau Plan-Fenétre, et celapour diverses raisons; maisj'ai transporté la scène sur le Pie de France où j'ai tant révépendant mes vacances de 1869 1 • Seul, sur le Pie de France, De toutes parts entouré de rochers Plongé dans un vaste silence Mon esprit s'abimait en de tristes pensers. Quel soupir tout à coup m'éveille? Est-t-il sur ces hauteurs Une autre ime qui veille sous le poids des douleurs? Semblables à deux voix qui s'accordent entre elles, De nos ca::urs attristés Redisons nous les maux et les peines mortelles O mon Dieu! sitòt commencés?!. .. A l'ombre hélas! des noirs mélèzes Sur un tapis de fraises J' aperçois une dame aux longs habits de deuil Pile et mollement assise Pauvre elle! elle semblait gémir sur un cercueil, Ses cheveux au gré de la brise Se balançaient; tandis qu' entre ses mains Sa noble tete était penchée Camme une rose desséchée Au plus beau des matins. Sacrés asiles De nos douleurs, 166

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