- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013

AsPECTS PHILOSOPHIQUES DANS ÙEUVRE DE}EAN-BAPTISTE GAL (1809-1898) « Prenons le communisme au sérieux et voyons si on pourrait le réaliser. Suppo– sons qu'à force de répandre du sang, on réussisse à exproprier tous les possesseurs de domaines dont ils jouissent et que la terre soit la propriété de la grande famille d'Adam, camme la mer est la propriété des poissons. Ceux-ci trouvent leurs aliments tout préparés, ils n'ont besoin ni de greniers, ni d'habillements; mais l'homme est condamné à vivre à la sueur de san front, il faut dane qu'illaboure la terre pour qu'elle le nourrisse; il faut qu'il construise des maisons, qu'il confectionne des vete– ments [...]; d'où résulte la nécessité d'obliger les uns à becher le sol, les autres à batir des maisons et à confectionner des habillements. Il s'ensuit, par conséquent, qu'il faut destinerà la culture telle quantité d'arpents de terre par tete; mais les enfants, les nourrices, les vieillards, les estropiés, les infìrmes les malades et les aveugles ne peuvent pas se livrer aux travaux agricoles. Voilà autant de bourdons de la ruche so– ciale qui vivront aux dépens des autres [...];et ceux qui sont occupés à la construc– tion des maisons, à la confection des vetements et des ustensiles nécessaires à la vie, ne pourront pas non plus labourer la terre: voilà encore d'autres parasites que le laboureur devra nourrir à la sueur de san front ,/ 7 • Il n'est pas difficile de comprendre où Gal veut arriver. Il explique que, dans ces conditions, un fermier robuste et sans famille se demandera pourquoi il doit tra– vailler si dur pour soutenir des enfants, des personnes agées et des malades qu'il ne connait pas, et desquels n'a aucune aide. Par conséquent, il demandera bientòt de se reposer, et que les autres citoyens pensent à lui, comme il a jusqu'ici pensé à eux. Mais puisque les parasites sont nombreux parmi les hommes et l'égo!sme est souvent contagieux, bientòt personne ne voudra plus travailler non seulement pour les autres mais non plus pour lui-meme. Chacun fìnira par prétendre que, puisque le bien est commun, soient les autres à se prendre soin de lui. D'ailleurs, dit Gal, si on regarde comment les expériences historiques de l'adminis– tration communiste de quelques villesse sont résolues, on voit qu'elles ont toutes échoué très rapidement. Il cite les cas de Miinster en Allemagne, des villages de New Lanark et New Harmony en Amérique, et des phalanstères de Fourier en France. Le fait est que, en laissant de nouveau la parole à Gal: «le communisme ne change pas la nature de l'homme» 28 • Les hommes (comme les astres, les plantes et les animaux) naissent avec des talents et des tempéraments différents. Et temer de supprimer ces diversités naturelles en faveur d'un principe abstrait d'égalité, qui ne tient pas compte de la réalité sur laquelle il devrait agir, est une opération vouée à l'éched 9 • Donc, pour résumer, le projet d'une société communiste est fondé sur une vision 27 lbid., p. 336-337. 28 lbid., p. 338. 29 «Ce que je ne puis concevoir, c'est qu'on veuille établir l'égalité parmi !es hommes, en voyant l'impossibilité de supprimer !es causes qui maintiennent l'inégalité entre eux, telle que la force et le talent >> (ibid., p. 339). 79

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