- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013
FRANCESCO MARTINELLO idéalisée et incorrecte de l'homme. Idéalisée parce qu'elle considère un seul aspect de la nature humaine, c'est-à-dire l'égalité entre tous les hommes, indépendam– ment du fait que les gens sont très différents entre eux aussi 30 • Incorrecte car elle exagère cet aspect jusqu'à le considérer la caractéristique principale de la société, alors qu'en fait, si on y pense bien, ce principe conduit à la destruction de la société elle-mème. Le raisonnement est le suivant. En soi, le principe selon lequel tous les hommes sont égaux est un sage principe, acceptable pour tous, parce que nous sommes tous fils de Dieu 31 • Cela dit, cependant, il faut aussi reconnaitre que cha– cun a son propre talent spécifique, son tempérament, ses exigences personnelles, ses valeurs et ses défauts. Il faur en outre admettre que la société se base sur la division du travail et la répartition des ròles, et que cela est une bonne chose, parce que pour chacun le bonheur consiste à réaliser sa vraie nature, et non pas à essayer de devenir ce qu'on n'est pas 32 • Un principe similaire régit également le bon fonctionnement de la famille, laquelle fonctionne bien seulement si le mari et la femme respectent pleinement leurs dif– férents ròles. Du moment que la famille est la cellule de base de la communauté, il est facile de comprendre que le mème discours peut ètre étendu à l'ensemble de la société. Par conséquent, celui qui propose une société communiste a une vision déformée de l'homme: « Les communistes [...], attribuant aux lois qui régissent la grande famille d'Adam, tous le maux sous lesquelles elle gémit, ont renversé de fond en comble l'édifice social pour en construire sur ses ruines un qui est inhabitable. Qui ne connait !es reves extravagants de Campanella, d'Harrington, de Giordano Bruno, de Savona– rola, d'Hobbes, de Babeuf, de Saint-Simon, de Fourrier, d'Owen, de Pierre Leroux, de Cabet, de Proudhon, et d'un grand nombre d'autres visionnaires, qui croient pouvoir façonner l'homme, comme le potier manipule le limon dont il forme son vase? Ils prétendent que l'homme arrache de son cceur [...] pour se soumettre hum– blement aux ordres qu'il plaira à ces reveurs de lui donner! » 33 • 30 « Les hommes doivem se juger comme !es arbres parla qualité de leurs fruits: 'Les hommes sont égaux, ce n'est poim la naissance. Mais la seule verru qui fait leur différence' (Voltaire) >> (ibid., p. 260). 31 « Quand on pense que nous sommes rous !es enfams du meme Oieu, qui nous a donné la terre pour com– mune nourricière, que le soleil se lève pour rous, et qu'on rencomre sur la meme roure, l'un richement veru et [.. .]l'autre couverr de haillons [...]; quand on voit, dis-je, ce contraste frappam enrre !es enfams d'Adam, il.est impossible de se défendre d'un semimem pénible qui nous porre à désirer un parrage plus équitable des biens d'ici-bas » (ibid., p. 333). 32 « Il en est de notre bonheur comme de nos habits, il faut qu'ils soient adaptés à norre taille; trop grands, ils nous embarrassem; trop petits, ils nous genem. Faire d'un bon laboureur de campagne un général, c'est le priver de ses habirudes paisibles, d'une vie douce et tranquille, pour le charger d'honneurs qui seront aurant de soucis qu'il ne saura et ne pourra supporrer. Faire d'un général un soldat, c'est l'avilir et lui rendre la vie insupporrable » (ibid., p. 62). 33 Ibid., p. 333-334. 80
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