- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013

AsPECTS PHILOSOPHIQUES DANS ÙEUVRE DE J EAN-BAPTISTE GAL (1809-1898) Et d'une vision erronée de l'homme ne peut que descendre une conception erro– née de la société. On va l'expliquer: camme on le comprend en réfléchissant sur ce qu'on a dit auparavant, afìn que l'organisation communiste puisse fonction– ner, les hommes devraient à chaque instant etre interchangeables les uns avec les autres. Ceux qui travaillent la terre devraient, après un certain temps, s'altemer avec ceux qui étudient l'histoire, pour ne pas créer des inégalités. N'imporre qui devrait autant bien savoir confectionner des robes et connaitre les mouvements complexes des astres. Aucun homme ne pourrait avoir son talent spécifìque, car chaque homme devrait les posséder tous. Dans ce cas le communisme fonctionne– rait parfaitement, mais il n'est pas difficile de voir qu'alors, la communauté meme cesserait d'exister. Car dans une société où tout le monde sait tout faire, tout le monde serait indépendant et n'aurait plus besoin des autres. La société, au contraire, sert vraiment pour partager et échanger les différentes capacités humaines: l'homme d'étude a besoin de l'agriculteur pour manger, l'agri– culteur a besoin de l'agent de police pour ne pas etre volé, l'agent de police a besoin du fonctionnaire pour etre dirigé, le fonctionnaire a besoin de l'homme d'étude pour savoir quelles lois appliquer, et ainsi de suite... I.:idée de Gal est que plus cha– cun fait ce pour lequel il est porté à faire, plus sera un homme vertueux (au sens littéral, pour lequel il réalise sa virtus particulière). Et plus d'hommes vertueux il y a, mieux la société fonctionne, indépendamment de la forme de gouvernement qu'un peuple se donne 34 • Pour conclure, on peut constater que la répartition équitable des richesses est pour Gal un problème qui doit etre résolu non pas au niveau politique, car il conduirait à dénaturer l'homme, mais sur le pian pratique. Il suffìt que ceux qui ont davantage donnent quelque chose à ceux qui ont moins, sans passer par la politique. Aucune société n'a jamais empeché un comportement semblable, prescrit par l'Évangile aussi. La seule diffìculté est surmonter l'égo1sme nature! propre des hommes. « Saint Vincent de Pau! et Owen furent deux communistes, l'un selon l'Évangile et l'autre selon les passions humaines; le premier soulagea plus de vingt millions de malheureux, et le second ne fit que quelques dupes. Il y a cette différence entre un communiste à la Proudhon et un communiste selon l'Évangile: le premier veut prendre et le second donne [...]. De tous !es systèmes politiques, le communisme est le plus facile à mettre en pratique. Un républicain ne se hasarde guère d'aUer dire 34 « Une nation est plus ou moins heureuse ou malheureuse non parce qu'elle est soumise à tel régime pluròt qu'à tel autre, mai parce qu'elle compre plus ou moins d'hommes de bien parmi ceux qui la gouvernem. Rendre !es hommes probes, est l'unique moyen de rendre un peuple heureux; roures les aurres rematives ne sont que des uropies dont l'expérience a prouvé la nulliré » (Ibid. , p. 283; cf. aussi GAL, Les impressiom de la vie, précédées..., cir., p. 11-12). Et encore, en 1870: «Le bonheur des peuples ne dépend pas de l'exisrence d'une dynasrie, ni de la forme d'un gouvernemem, mais de la sagesse de ceux qui les dirigent er de la mora– lité des masses >> (GAL, Ou Dieu ou... cir., p. 46). 81

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