- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2013
FÉUCIEN GAJ\1BA, UN HISTORIEN MÉCONNU Gamba avait obtenu un bref congé, Trèves l'invita à le rejoindre à Promiod mais il le priait : « Veuille bien me porter ton Diario di guerra. ]e suis vraiment curieux de le voir » 12 • Il serait intéressant de réaliser le souhait formulé par M. le professeur Lin Colliard mais, malheureusement, le journal n'est pas présent dans le Fonds Gamba et j'ignore si les héritiers l'ont conservé. Comme pour tous les soldats congédiés, la réadaptation à la vie civile ne fut pas facile pour lui et, les maigres revenus de la campagne ne lui permettant guère de vivre, Félicien essaya d'obtenir un poste de fonctionnaire public. Il espérait, en effet, succéder à un cousin de l'abbé Trèves au bureau de la poste de Montjovet, mais le destin le conduisit ailleurs : au début de 1921 nous le rencontrons à Piobesi Torinese, où il avait acheté la ferme de Respagliette, certainement bien plus ren– table que la maigre campagne valdòtaine et les quelques lopins de terre qu'il pos– sédait à Montjovet. En 1925, cependant, les travaux ne lui laissant guère du temps libre pour ses recherches, il renonça à exploiter directement sa ferme qu'il donna à bail 13 dans le but de se transférer à Turin. Là, il obtint un poste de travail à la Fiat, où il fu t embauché d'abord comme simple ouvrier puis camme addetto tec– nico au reparto rettifiche. Ce travaillui convenait et en 1926 il en parlait à son ami abbé avec l'enthousiasme d'un néophyte: « C'est colossal, je vous l'assure, et c'est une organisation scientifìque. C'est une véritable civilisation mécanique qui est en marche. Autour de moi tourbillonnent dans un rythme égal et incessant cles dizaines de millions [sic] de machines, actionnées par l'électricité ou air comprimé, dociles aux manreuvres !es plus diverses et !es plus disparates. La machine que j'emploie est cles plus délicates, et cles plus précieuses, qui permet de rectifier avec précision extreme !es pièces qui sont déjà travaillées. C'est un joyau d'art; colite plus de cent milles livres. Elle donne cependant une précision standard qui arrive jusques à un demi-centième de millimètre. Naturellement il ne faut pas etre distrait... » 14 • Lemploi dans la grande usine turinoise, au Lingotto, lui permit de mieux fréquen– ter les Archives d'État et les bibliothèques de la ville pour ses études historiques. Dans une lettre de 1926, il affìrmait qu'il avait une demi-journée de libre, mais qu'à 12 CoLLIARD (par les soins de), Lettres de l'abbé... cit., lettres du 6 novembre 1915, 30 juin 1916 et 5 mars 1918. 13 l.;abbé Trèves l'avait encouragé à prendre cecce décision. Le 21 occobre 1924 il lui écrivaic: « Cerces, je crouve belle, opportune, censée pour ma modeste pare, con idée de cenoncer à l'exploitation direece- si excénuante pour coi de soucis, de facigues et de peines- de ca grande ferme pour venir ce fixer à Turin ». Le 8 janvier suivanc il se disait heureux « d'apprendre que pour la Se-Martin [donc, le 11 novembre 1925] tu espères vraimenc de ce libérer de ces soucis absorbancs de ca ferme, ou mieux de ca propriécé de Piobesi ''· 14 AHR, Fonds Félicien Gamba, care. IX, doc. IlA. 89
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