- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2014

VOYAGE AUTOUR D'UN RECENSEMENT : POPULATION ET BÉTAIL À AYMAVILLES EN 1734 en proportion de la population des deux paroisses. La moyenne des bètes possédées par les familles est de 14 animaux à Saint-Léger et de 12,5 à Saint-Martin. Cette moyenne ne reflète évidemment pas la situation réelle, car il y a des chefs de familles qui ne possèdent aucune bète et, au contraire, un individu bien cossu qui en a 62! Les montures Le territoire d'Aymavilles avait une bonne vocation céréalière, notamment sur les plateaux morainiques de Turlin, d'Ozein et du Pont-d'Ael, ce qui exigeait aussi beaucoup de force animale pour les labours. C'est la raison pour laquelle le recense– ment a dénombré 108 montures détenues par 114 familles. Neufgros propriétaires en possédaient deux chacun ; mais il y avait 34 familles ayant des droits en commun sur 18 bètes de trait et à bat. En effet, elles ne possédaient que la moitié, le tiers voire le quart d'un mème animai qu'elles se partageaient et pour lequel devaient s'accorder lors des travaux de la campagne. Il s'agit, d'ailleurs, d'une coutume très répandue au Val d'Aoste et qu'on rencontrait encore dans les dernières décennies du x:xc siècle. Coutume qui avait sa raison d'ètre. En effet, on calculait qu'un mulet consommait le double du fourrage nécessaire à l'entretien d'une vache. Aussi, les familles qui ne possédaient pas une grande surface de prés et de champs et n' avaient dane pas besoin de longues journées de labour ni de grands transports à faire s'ac– cordaient entre elles et élevaient en commun un mulet. Ce système leur permettait d'avoir une part de monture pour alléger les fatigues harassantes du piochage à bras ou du transport à dos des faix de foin et de blé et de nourrir une bète à lait de plus, ce dernier aspect n'étant pas négligeable dans une société où les produits laitiers étaient l'une des bases essentielles de l'alimentation. Les données nous fournissent aussi un petit détail: huit chefs de famille qui ne possèdent pas de bovins mais seu– lement des ovins et caprins sont cependant propriétaires d'un mulet. Il est évident qu'ils ne possédaient pas des prés, mais qu'ils avaient des champs. 43% des familles n'avaient pas la possibilité d'entretenir une monture ; pour les labours elles devaient dane louer un mulet (dont le propriétaire était parfois récom– pensé par des journées de travail) ou bien piocher les champs à la force des bras. Parmi l es espèces recensées on note une double absence : d'abord, celle des anes, bien présents, au contraire, dans d'autres communautés ; ensuite, celle des bceufs destinés aux labours, présents ailleurs quoique en petit nombre car, dans san Histo– rique de 1737, à une date dane très proche de la notre, l'historien De Tillier affìr– mait que de san temps « on ne se [servait] de l'usage des beufs que dans quelques bonnes plaines ». 19 19 J.-B. DE TrLLIER, Historiquede U! \&llùd'Aoste, édition parA. Zanocro, Aoste, !TlA, 1966, p. 108. 103

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