- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2014

LES RAPPORTS ENTRE INSTITUTIONS CIVILES ET ÉGLISE CATHOLIQUE EN VALLfE D'AOSTE (1860-1948) Ceci, pour l'avoir à sa disposition dans une période où les gens avisés (et l'éveque était certainement parmi celles-ci) pouvaient déjà comprendre que la guerre était perdue et qu'il fallait penser à batir un nouveau système institutionnel et social. Chanoux avait évidemment été choisi par l'éveque camme porte-parole de l'en– gagement des !ales en ce sens, ce qui constitue la deuxième preuve de la position catholique du notaire. Le troisième fai t ne concerne pas directement Chanoux, mais le clergé valdòtain, qui soutenait, en large partie et de façon ouverte, les bandes des partigiani choisies par celui-ci, telle que la Vertosan, mais aussi les autonomes de la Haute Vallée ou de la Valtournenche, où les résistants n'auraient pu se maintenir sans l'aide de la population. Le clergé joua clone un ròle actif dans la Résistance, grace surtout aux jeunes pretres, qui venaient de sortir du Séminaire réformé par M'' lmberti, tandis que les plus agés eurent beaucoup de difficultés à accepter la présence des partigia– ni, camme le prouve le]ournal de l'ab bé Henry, qui nenie pas ses sympathies pour les Allemands, jugés plus corrects dans les relations avec les civils que les résistants. Le ròle de M9' lmberti : la réserve stratégique La figure de M'' !mberti a été longtemps méconnue, voire incomprise ou carrément diffamée. Le prélat fu t décrit camme le parfait éveque du Concordar, appelé dans le diocèse d'Aoste pour italianizzare et fascistizzare l'Église et ses fì dèles. Les dernières acquisitions de la recherche- qui ne représentent pas la fin des études concernant ce personnage, car nous ne connaissons pas encore le contenu d.es Ar– chives du Vatican à ce sujet- nous restituent au contraire l'image d'un véritable pa– steur, appelé à sauvegarder la liberté de l'Église par rapport à tout pouvoir politique. À ce propos, il est intéressant de rappeler la question de la langue française aux deux Séminaires: selon la vulgata, M'' lmberti y imposa l'emploi de l'italien camme lan– gue véhiculaire pour appuyer la politique fasciste contre les Valdòtains; selon quel– ques pretres, en revanche, il sauvegarda la langue historique du Val d'Aoste en la maintenant dans l es programmes d'enseignement. Deux jugements opposés, bien évidemment, qui peuvent s'expliquer en faisant référence à la situation de l'époque. M''lmberti ne choisit pas l'italien à cause d'unevolonté répressive contrele français, mais parce qu'il était indispensable aux jeunes pretres de connaitre la seule langue parlée par les immigrés de la Vénétie, arrivés par milliers camme ouvriers pour les usines de la Province d'Aoste. Permettez-moi, à ce sujet, un souvenir personnel. La première branche de la fa– mille de mon père arrivée à Aoste fut celle d'une sceur de ma grand-mère, femme profondément chrétienne, qui donna deux de ses cinq fìls à l'Église, un pretre missionnaire en Afrique et une sceur de saint Jean Bosco. Ma grand-tante rappelait 187

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