- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2014

LES RAPPORTS ENTRE INSTITUTIONS CIVILES ET ÉGLISE CATHOLIQUE EN V ALLÉE o'AosTE (1860-1948) maçons, communistes ou carrément hérétiques et non-chrétiens n'ajoutent rien de nouveau ni aux idées déjà parues au niveau étatique (voir à ce propos l'Essai d'un catéchisme civique et politique de Charles-Antoine Boggioz, simple ceuvre de vulga– risation cles idées anticléricales et libérales de l'époque) ni aux formulations cles au– teurs catholiques. De plus, du moins au début de la période analysée, on trouve cles pretres cles deux còtés de la barricade : la fameuse querelle entre le chanoine Gérard et le chanoine Orsières révèle, au-delà de la déchirure produite au sein de l'Église diocésaine par les événements de 1848-49, la pauvreté du milieu intellectuellibéral de l'époque. Autrement dit: l'éveque interdir la lecture cles journaux libéraux, non pas cles livres, car il y en avait un seui, celui de Boggioz, tandis que les ouvrages censurés d'Orsières, qui est un pretre, non pas un la!c sont plus nombreux. En effet, si l es principaux représentants du libéralisme valdòtain savent très bien conduire la polémique dans l es journaux locaux, aucun d'entre eux ne se montre capable d'écrire un ouvrage théorique comparable à ceux cles deux chanoines ou, plus tard, à ceux du chanoine Bérard sur la langue française, de Jean-Baptiste Gal sur la morale ou d'Émile Chanoux sur la politique et l es institutions ou, encore, un livre d'école tel que ceux écrits par sceur Scholastique ou Jean-Baptiste Réan. Il s'agit d'un phénomène intéressant : pour quelle motivation la classe dirigeante libérale n'a-t-elle pas su faire ressortir un théoricien, un philosophe, un éducateur ou un homme politique dont les ouvrages soient comparables à ceux cles auteurs cités ? S'agit-i! seulement d'un problème fìnancier, qui déconseillait d'imprimer un livre sans public certain, ou au contraire est-ce la preuve d'un défaut culture!, l'expression d'une classe dirigeante cultivée, mais en meme temps trop liée aux tac– tiques de la menue cuisine politique et aux idéaux venant d' ailleurs pour produire un texte contenant un pro jet cohérent sur la région ? I.:absence en Vallée d'Aoste du grand genre littéraire de la civilisation bourgeoise, le roman, jusqu'aux ébauches d'Émile Chanoux, vaut mieux qu'un discours, mais on peut aussi rappeler la défàite cles libéraux valdòtains à la fin cles années 50 du siècle, dénoncée dans plusieurs ceuvres de Marco Cuaz, défaite qui concerne, à vrai dire, plus le còté idéal que celui du pouvoir quotidien. En effet, si on regarde la question du point de vue de la gestion du pouvoir, on peut formuler une réponse plus réa– liste: la classe dirigeante contròlait déjà les institutions et n'avait aucun besoin d'un ouvrage de référence pour exprimer un projet censé la conduire au pouvoir. Il lui suf!ìsait de l'administrer et de le maintenir. Et pour ce faire, elle avait de san còté la force cles autres institutions de l'État, camme l'armée et la magistrature. Au niveau institutionnel Le 2 mai 1854, le chanoine Orsières affìrma dans un milieu of!ìciel, tel que le Conseil communal d'Aoste, qui discutait du maintien de la garnison de bersaglieri 193

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