- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2015
LE CHRISTIANISME SOCIAL DE L 'ABBt jOSEPH-MARIETRI:VES DANS QUELQUES tCRITS INÉOITS la suprématie de la papauré et de la religion catholique, notre humble curé de campagne prechait déjà l'cecuménisme religieux. Ainsi il déplorait le racisme et l'antisémitisme et il ne craignait pas d'affìrmer que depuis longtemps il appréciait le peuple juif - « la race juive que, à certains points de vue, il y a longtemps que j'admire grandement »3 - à propos duquel déjà en 1907 il aurait désiré en savoir davantage : « nombre, profession, richesse, stipendi, pension, représentants au Par lement et au Sénat, journaux, revues, librairies, établissements » 4 • Le pretre attentif aux enseignements de l' Évangile et garant de l'orthodoxie catho lique se doublait d'un homme politique aux principes modernes et anticipateurs, bien en avance sur son temps. Et là aussi, avec des intuitions bien souvent prophé tiques. Qu'il suffìse de penser à la prémonition de 1 93 1 lorsqu'il prophétisait la chute de la monarchie et l'avènement de la république fondée sur un ordre nou veau : une fédération italienne « avec notre Etat Valdòtain fédéré avec sa langue, ses droits, ses traditions, ses coutumes et ses mceurs, sa force et son honneur : Patria Augustt2 ! »5 Hélas, la dernière partie, celle qu'il souhaitait le plus ardemment, est la seule qui ne s'est pas avérée ! I.:abbé Trèves, à la différence de son ami Chanoux, n'a pas écrit des essais déve loppant sa pensée politique. Malgré cela, sa conception régionaliste, autonomiste et fédéraliste apparait nettement dans ses lettres et, par-ci et par-là, dans ses bro chures. Toutefois, ce n'est point de ce sujet que je veux traiter ici, mais bien des vues de l'abbé à l'égard des problèmes sociaux et économiques. C'est un aspect, celui-ci, qui - contrairement à ses idées religieuses et politiques et à sa conception . de l'histoire locale - n'a pas eneore été beaucoup développé. Pourtant, cet homme au cerveau volcanique, toujours pret à lancer des idées et des propos d'actions, s'était aussi penché sur ces problèmes en répandant des suggestions et des conseils pour trouver des solutions aptes à faire progresser ses concitoyens. Si en tant que pretre il ceuvrait pour l'élévation morale de ses concitoyens et comme homme poli tique pour la renaissance de sa région, Trèves ne pouvait pas d'autre part oublier les nécessités matérielles de son peuple et de s'y pencher pour suggérer des solutions permettant d'améliorer son train de vie. À la base de sa pensée dans cet aspect il y a son christianisme social. 3 Après l'application des lois raciales, Aristide Trèves, neveu de l'abbé habiranr àTurin, avair éré suspecré d'erre juifà cause de l'homonymie avec les Treves piémonrais et lombards. Le 23 aour 1938, il demanda à son ami Gamba de l'aider à démonrrer l'origine desTrèves d' Émarèse. Lui-meme érair « archiconvaincu » que « notre anrique souche valdòraine émarésore, de fai carholique, gr:lce à Dieu, de père en fìls, jusqu'à ce jour et de raceJaphérique soit celte soit salasse romanisée lors de la conquete romaine » n'étair pas de souche sémirique. Mais il s'empressair d'affìrmer : « Cela dir sans rien mépriser les Juifs, soir la race juive que, à cerrains poinrs de vue, il y a longtemps que j'admire grandemenr >> : Lettres de l'abbéjoseph Trèves à Félicien Gamba (par les soins des AHR), Aosre, lmprimerie Valdòraine, 197 1 , p. 347. 4 Cf. ci-dessous, Liste des Facienda, n• 39. 5 P. GoRRET, Quelques lettres de l'abbéjoseph Ti·èves, Aosre, ITLA, 1967, p. 132 {lerrre du 20 juiller 1 93 1). 1 15
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