- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2015

]OSEPH-CÉSAR PERRIN Sous le drapeau de la « question sociale » Joseph-Marie Trèves était entré en automne 1 892 au Grand Séminaire où il avait été adressé par le curé d' É marèse Jean-Pierre Dalle qu'il a lui-meme défini « Grand Bienfaiteur de mon ame »6• Malgré le modeste patrimoine de sa famille il put sou­ tenir les frais de ses études grace au fait qu'il put bénéficier du legs institué par son compatriote Jean-Jacques Mavilla7, chanoine de la cathédrale d'Aoste. Il en sortira en 1 900 quand, le 9 juin, il fut ordonné pretre8• Tout au long des années de vicariat puis de rectorat Trèves garda des contacts avec le Grand Séminaire, ses anciens pro­ fesseurs et les jeunes séminaristes, notamment ceux du groupe des « jacquemistes »9 avec lesquels il va collaborer pour la création et la gestion de l'almanach "Le Mes­ sager Valdòtain". La formation reçue au séminaire et les contacts successifs avec les membres de cette institution ont certainement influencé sa pensée et son penchant vers les problèmes sociaux. Il ne faut pas oublier, en effet, que l' É glise a traversé dans les dernières années du XIX c siècle et j usqu'en 1 907, année de la condamnation du Modernisme de la part de Pie X, une période d'intense débat entre le clergé conservateur et celui progressiste. Ce dernier, guidé par Romolo Murri et Luigi Sturzo, prònait une réforme religieuse mais aussi une action sociale catholique visant une modification profonde de la société. Ce christianisme social trouva son apogée dans la Rerum Novarum ( 1 89 1 ) de Léon XIII, encyclique qui revendiquait la primauté de la per- 6 Dans un perir mémoire rédigé à la morr de son curé, Trèves a écrit : « En 1903, s'éreignir une existence bien précieuse et pour moi bien chère, celle de mon vénérable Curé. Il m'a baprisé, préparé à la Confìrmation, admis à la l'" Communion ; il a jeté les yeux sur moi pour la Maitrise : de ses conseils, de ses prières il m'a roujours aidé : c'est lui qui après Dieu m'a mis sur le chemin du Sancruaire et, de concerr avec mes parenrs, a développé en moi le germe de la vocation ecclésiastique. Il m'a enseigné les premiers élémenrs de larin, car dès l'age de 8 ans j'ai fréquenré le chemin de la cure ensemble avec Pierre Crérier, notaire acruellemenr, et surrout avec le cousin Anselme, Rd Religieux Oblare >>. AASA, Fonds Joseph-Marie Trèves, Mon Vicariat, 3oMort de mon Pasteur et vénérable Curé et Grand Bienfoiteur de mon time Monsieur le curé d 'Émarèsejean Pierre Dalle. 7 Jean-Jacques Mavilla, né à É marèse le 8 mars 1 805, fut ordonné le 1 5 juin 1 829. Il fut l'un des prerres dirs « libéraux "• c'esr-à-dire ayanr épousé les idées libérales et du Risorgimento. Le 1 5 avril 1 849, avec ses confrères Jacques-François Cerise et Grégoire-Joseph Dondeynaz, il avait signé une leme, parue dans le journal libéral "Feuille d'Annonces d'Aosre", en faveur de la proposition de loi Siccardi. En 1 873 il avait insrirué un legs en faveur des élèves de son pays naral que le Grand Séminaire commença à uriliser en 1 887. Parmi les bénéfìciaires on compre notre abbé ainsi que ses cousins, les frères Anselme et Sulpice-Joseph Trèves. 8 Au cours cles années 1 896 et 1 897Trèves avait du inrerrompre ses érudes pour faire son service militaire dans le corps des Bersaglieri. 9 I.: abbé Trèves érair parriculièremenr lié à Pierre-Anroine Maquignaz. En 1907 il lui offrir le livre Le renouvel­ lement dans la vie chrétienne avec certe dédicace : << A Monsieur l'Abbé l Anroine Maquignaz l Séminariste, l En Souvenir affecrueux l Avril 1907 l Abbé Joseph Trèves, Vicaire. l Un Souvenir dans res l prières ». 1 1 6