- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2015

LE CHRISTIANISME SOCIAL DE L'ABBÉ }OSEPH-MAJUE TRÈVES DANS QUELQUES ÉCRITS INÉDITS sonne et promouvait sa dignité grace aux principes de subsidiarité, de solidarité, de participation, de démocratie directe, de jouissance universelle cles ressources afìn d'obtenir le bien commun. Ces idées eurent un ample écho au Val d'Aoste aussi et la « question sociale » fut le drapeau d'un groupe guidé par l'abbé Jean-Joconde Stévenin pour les ecclésiastiques et par Anselme Réan pour les lai"cs. Quoique res­ treint, ce groupe lutta contre les excès de l'intégrisme religieux et l'intolérance et lutta pour la dignité de la personne humaine et son progrès économique. « La question sociale qui nous agite - écrivait Stévenin - et requiert la réforme de l'ordre économique acruel dépend d'un problème de justice, d'équité et de charité sociale ; elle exige, comme moyen, la constirution organique des classes ainsi que leur harmonie stable basée sur des justes rapporrs éthico-juridiques visant au bien commun et, en parriculier, à celui des couches inférieures » 10• En ces années-là, le Grand Séminaire, guidé par des supérieurs éclairés et sous la férule d'excellents professeurs, participa à ce mouvement de renouveau ecclésias­ tique doublé ici d'une attention particulière au progrès culture!. Les séminaristes et les jeunes pretres de l'époque en furent imbus. Il suflìt de penser au mouvement « jacquemiste » dont le reve, en sus des nouveaux ferments religieux, était aussi celui « d'une Vallée d'Aoste intellectuellement plus cultivée et socialement plus avancée » ainsi que l'a très bien souligné Lin Colliard. :resprit du jeune Trèves, toujours effervescent et à la recherche de nouvelles ac­ tions 1 1 , ne pouvait pas rester indifférent face à cette palingénésie spirituelle, cultu­ relle et sociale que le jeune clergé progressiste considérait etre un devoir de sa mission sacerdotale. Pour sa formation au Séminaire, ses contacts fréquents et sa collaboration avec le groupe des « jacquemistes », notamment avec son chef de file Pierre-Antoine Maquignaz, l'abbé jugeait qu'à còté de la défense de la foi, de la morale et cles principes religieux le clergé devait aussi arborer le drapeau de la lutte pour les principes sociaux. « Vérité, Justice, Fraternité » résument très bien cette idée et ses propos d'action. Le jeune abbé était de l'avis qu'aux idées il fallait faire suivre l'action, mais surtout que l'action catholique du clergé valdòtain ne devait pas se borner à la simple acti­ vité pastorale mais, sortant de l' église, de la sacristie et du presbytère, embrasser un champ plus vaste, celui des oeuvres sociales. I O lTALICUS u.-J. Stévenin], LeMouvement démocratique en ltalie etl'abbéMurri, in "La Quinzaine", l" juillet 1903. I l I.: abbé Trèves, lui-meme, reconnaissait son tempérament exubérant et dans une !eme du 31 janvier 1 9 1 3 il déclarait à son confrère Pierre Gorret : « Ah ! ceTrèves est un collaborateur [il se réfère au "Messager Valdò­ tain"] un peu encombrant ; il en a toujours une nouvelle ! Ce que c'est [que] d'avoir une imagination par trop féconde ! >> : GoRRET, Quelques lettres cit., p. 35. 1 17

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