- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2015
LE CHRISTIANISME SOCIAL DE L'ABBÉ ]OSEPH-MARIE TRÈVES DANS QUELQUES ÉCRITS INÉDITS La lutte contre l'alcoolisme I.:alcoolisme a été l'une cles grandes plaies dont le Val d'Aoste a beaucoup souffert dans le passé. Au XIX_ e siècle ce mal avait frappé d'abord les lieux où l'industrie minière et métallurgique s'était installée, puis il avait grandi et s'était répandu dans toutes les communes. Les personnes les plus clairvoyantes n'avaient pas hésité à combattre l'alcoolisme afin de freiner ses nuisances. Il suffìt de rappeler les batailles conduites par le docteur César-Emmanuel Grappein17 vers le milieu de ce siècle là ou les considérations d' É mile Chanoux à l'égard du vin. Notre martyr se pré occupait face à l'avancement de l'alcoolisme « qui appauvrit les habitants et les dégrade »18• En effet, tout en n'étant pas du parti de l'abstinence absolue, il consi dérait que les Valdotains buvaient trop et « bien souvent à tort et à travers, dans les jours de loisir plus que dans les temps de travail, entre amis de la "grollà' plus qu'entre compagnons de travail ». Cela nuisait évidemment à la santé cles hommes et à la richesse de la famille19• Le phénomène délétère de l'alcoolisme ne pouvait certainement pas échapper à la sensibilité de Trèves. Aussi, il remua le terrain et lorsqu'au mois de mai 1 9 1 2 Pierre Gorret commença à travailler pour la création d'une ligue valdotaine antialcoo lique - qui prendra le nom de La Croix cles Alpes -, notre abbé adhéra toto corde à l'initiative, convaincu qu'il appartenait au clergé de donner l'exemple et de lancer une campagne de propagande. Sa volonté était celle « d'arracher la Vallée au joug viré faire par Trèves en faveur de la prévoyance rrès louangeur à l'égard de l'abbé. Celui-ci le remercia mais il ajoura qu'il avair éré nécessaire au débur « de me menre un peu en évidence er de parler de moi, à cer égard, pour faire enrrer cerre idée dans le public. Que veux-ru ? Tour seui que j'érais alors, je ne pouvais guère faire différemmenr. >> Mais mainrenanr qu'il avair l'aide de 20 à 25 jeunes prerres, il ne voulair plus que l'on mene en évidence sa personne : « Donc, brave, à l'avenir, pas de cene boursouflure qui n'esr pas dans mes goùrs "· Puisque désormais rour le monde connaissair son engagement envers cene ceuvre sociale, il craignair que rrop de louangespersonnelles puissenr froisser er ralenrir l'acrion des aurres propagandisres er erre « nuisibles à la réalisarion de l'idéal de l'abonnemenr en masse des Campagnards Valdòrains. Propagander (sic), voilà le mieux. Donc, je me recommande, silence, à l'avenir, à l'égard de mon acrion d'ailleurs si modesre er si semée de sacrifices. » Ici, comme pour d'aurres iniriarives, ce qui lui imporrair c'érair d'agir, de faire er non de para!rre ! : GoRRET, Quefques fettres cir., p. 19 (leme du 1 5 juin 1 9 1 1). 17 Voici l'une de ses invecrives conrre les cabarers, lieux conduisanr les paysans à l'alcoolisme : « Les cabarers sonr des ulcères rongeurs où les chaires morres rongenr les chaires vivanres, sonr des gouffres affreux où les pères er les enfanrs de famille vonr se précipirer er où les mceurs so m horriblemenr ourragées ; ils sonr une source générale de corruprion, d'appauvrissemenr er de misère, d'où il sorr une vapeur pesrilenrielle qui in fecre rous les environs ; ils so m la ruine des peuples, porre m sans cesse à l'oisiveré, à la dissiparion, enrrainenr à leur suire la prosrirurion, le liberrinage, les larcins er les meurrres ; ils affaiblissenr horriblemenr les narions, minenr les gouvernemenrs, rendenr les pays déserrs er sonr la perre des sociérés. Une longue hisroire des crimes commis dans les cabarers er à leur occasion serair le rableau le plus effrayanr que l'homme pùr avoir de ses malheurs er de son délire ». C.-E. GRAPPE! N, Mémoires et écrits inédits (par les soins de Joseph-César Perrin), Conseil de la Vallée d'Aosre, Quarr, Musumeci, 2005, p. 414-415. 1 8 CHANOUX, Écrits cir., p. 877, ébauche manuscrire sans dare, mais de 1 925, sur les origines er les burs de la "Jeune Vallée d'Aosre". 19 É . CHANOUX, L'agricufture, in Écrirs cir., p. 170. 1 2 1
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