- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2015

LE CHRISTIANISME SOCIAL DE L ' ABBIÒ ]OSEPH-MARIE TRÈVES DANS QUELQUES IÒCRITS INÉDITS mais en 1 907 ! Il suffìt de citer ce propos et cette date pour dévoiler toute la gran­ deur et la modernité de Joseph-Marie Trèves, de cet homme d'avant-garde, ainsi que pour découvrir toute l'actualité de sa pensée. Quoiqu'auVal d'Aoste, à l'encontre d'autres régions, depuis le moyen age la femme ait eu la possibilité d'hériter de ses parents en partie égale à ses frères, pendant longtemps sa condition ne fut pas des plus agréables. Ces droits étaient limités (par exemple, celui de vote ne lui sera reconnu qu'en 1 946 !) et sa vie pleine de sacrifìces et de travail, au foyer camme à la campagne. C'est, en effet, à la femme que très souvent revenaient les rudes besognes de la culture des prés et des champs lorsque pendant l'été leurs pères, frères ou maris montaient aux alpages. Trèves qui dans son enfance avait été « berger des chèvres », aidant sa famille d'agriculteurs, voyait bien que dans nos campagnes aussi la femme avait « été jusqu'ici tenue dans un état d'in­ fériorité injuste, égo'iste, indigne » et discriminée23• Conscient des services qu'elle rend à la société, il voulut « rédiger les listes des injustices que subit la femme » pour pouvoir agir de conséquence. Mais pour l'abbé, de I'idée il fallait passer immédia­ tement à l'action et aux choses concrètes. Aussi, déjà dans ses Facienda de 1 907, il lançait une proposition afìn de protéger la santé des femmes qui, très souvent et jusqu'à la veille de l'accouchement, devaient se rendre au bassin du village pour la lessive ; et cela au froid de l'hiver, sous la pluie ou bien sous les rayons brulants du soleil. Il conseillait donc de couvrir les bassins publics avec une toiture en bois. Il se disait disponible, lui-meme, à verser dix francs pour l'un de ces bassins. Imaginée à Planava!, son action pour le féminisme fut mise en reuvre après sa mu­ tation à la rectorie de Promiod, grace au travail « initié secrètement à É marèse le 2 septembre 1 9 12, ouvertement àAntey le 1 7 juillet 1 9 1 3, publiquement à Torgnon le 1 6 aout 1 9 1 4 ». Je ne sais pas exactement en quoi consistait cette initiative, mais elle devait toucher tous azimuts car l'abbé a du intéresser à ce combat un grand nombre de personnes au Val d'Aoste et à I'étranger. En effet, par exemple, au mois de janvier 1 9 1 5, il avait reçu de Paris par l'entremise de l'abbé Petigat cent copies de chacune de ces deux brochures, De la responsabilité desMères et Unefemme, qui lui servaient pour soutenir sa propagande. En 1 92 1 , Joseph-Marie Trèves écrivit une belle page sur le féminisme chrétien­ social, thème qu'il demandait d'insérer obligatoirement dans les monographies paroissiales pour réparer une grave injustice : défense, ne dare que de la fin duXIX ' siècle. La première Journée de la Femme fut organisée aux Érars-Unis le 28 février 1909 par le Pani Socialiste d'Amérique. En 191 O, à Copenhague, l'Inrernarionale socialiste adopra l'idée d'une Journée inrernarionale cles Femmes ; la première fur célébrée le 1 9 mars 1 9 1 1 pour revendiquer le droit de voce et de travail aux femmes et pour lutter conrre la discriminarion. La date du 8 mars sera fixée en Russie en 192 1 par Lénine et depuis lors retenue inrernationalemenr. 23 Cf. ci-dessous, Liste des Facienda, no 28. 1 23