- Academie de Saint Anselme - Nouvelle Serie - 01/01/2015
]OSEPH-CÉSAR PERRIN lui permettant pas de recourir au médecin, il s'adressait à l'avis de ses confrères, no tamment Maxime Durand et Morse Jans, qui lui conseillaient les régimes à suivre. I..:abbé les a notés de 1 934 à 1 936 dans un petit calepin de 14 feuillets, conservé aux archives de l'Académie Saint-Anselme d'Aoste, Fonds Trèves. I..:intérèt de cet écrit n'est pas dans l'annotation du régime à suivre ; il l'est dans quelques remarques per sonnelles qui nous montrent un curé bien soucieux de son devoir, mais un homme aussi qui sentait la vieillesse s'approcher. Malgré le mal et puisque les vocations devenaient de plus en plus rares, le curé sentait le devoir de se soigner « pour que je puisse exercer encore 4 à 5 ans avec profit et honnètement mon ministère pasto ral ». I..:homme est fatigué et de ses observations on sent poindre le découragement. *** Du point de vue de la santé, les dernières années de sa vie ne lui ont pas été faciles. Dans les lettres à ses amis il en parle souvent : « à 62 ans je vieillis réellement, ma mémoire s'en va. Ma jambe gauche hypothéquée, à la suite de 3 sciatiques, me devient faible au point de me devenir au 2/ 3 invalide », « La faiblesse de mon estomac et de ma santé », « Un pauvre vieux dont la vue et la mémoire et l'esprit baissent chaque jour », « Je descends degré par degré », « mes forces faiblissent réel lement et tout le reste en mème temps ». Ce ne sont là que quelques exemples de ses doléances à l'égard de son état de santé. Mais plus encore que par la santé, le combattant de la « cause valdòtaine » était miné par la déception. La dictature fasciste et ses méfaits, la lente disparition de la langue française, la déchristianisation toujours plus marquée malgré les efforts d'évangélisation de l' É glise, l'apathie et l'indifférence de trop d'autochtones face à la "dévaldòtainisation" progressive, la dérision de certains de ses confrères qui le définissaient digne du « reparto esaltati » : tout cela ne pouvait que porter un rude coup à son moral. Cependant son sens du devoir sacerdotal et l'amour pour l'avenir de son peuple l'ont poussé à lutter jusqu'au dernier souffie ! « Mon poste à d'autres plus jeunes que moi et à chacun son tour », avait-il écrit un jour ce « soldat sans peur et sans reproche de la dernière tranchée valdòtaine ». Travailler, puis s'effacer pour que d'autres continuent son ceuvre. Avons-nous su recueillir san message et continuer son action ? Hélas ! Et, demain, la nouvelle génération pourra-t-elle répéter avec lui : << Mais lurter pour le vrai, pour le juste, le bien et cela ouvertement, à visière levée, ah ! va ! c'est beau ! ça fait du bien ! ça vous fortifìe et vous trempe et vous rend presque invincible, du moins imprenable ! J'aurai toujours la nostalgie de ces années de combats, de propagandes de toutes sortes, de randonnées valdotaines, du jour et de la nuit, par monts et par vaux ! »31 • 3 1 GoRRET, Quelques lettres c i t., p . 1 5 1 (!eme du 8 septembre 1935). 130
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