BASA

- 167 tout ce qui a les dehors de la souffrance consoie et fait adorer avec reconnaissance la croix. Cette tendre sollicitude, ces soins généreux envers les dés– hérités de la fortune, valurent à Louise Roncas, le titre inappréciable de mère des pauvres. Quand elle entra en religion, les visages déjà si tristes des pauvres de la ville revêtirent une expression plus profonde de deuil; et on les entendait se dire les uns aux autres : « Nous avons perdu no– tre mère. > Elle-même, sans une inspiration divine qui l'ap– pelait à la Visitation, où elle devait opérer de saintes œuvres, n'aurait pas voulu quitter ses pau– vres chéris. Mais Dieu 'la voulait dans le sanctuai– re des vierges chrétiennes. D'ailleurs, par une jeunesse consacrée tout entière à leur soulagement, pure de toute vanité, de tout plaisir mondain, et sachant toujours se priver de ce que la propriété et les convenances d'une soci~té chrétienne n'exi– gent pas, elle léguait à ses pauvres un riche patri– moine en laissant à sa famille et aux jeunes personnes aisées de la ville d'Aoste des exemples impérissables. Cependant le terme des épreuves approchait. Après de sérieuses résistances, le baron Léonard Roncas consentit à une séparation que Dieu deman– dait de lui. L'énnemi de tout bien tenta un dernier effort, pour atTêter Louise au début de sa carrière religieuse. Une de ses sœurs, qui l'aimait tendre– ment, à l'heure où Louise allait la quitter, la sup– plia, avec toute la force et les expressions d'une âme aimante, de . renoncer à son projet ; mais soutenue par une inspiration intérieure et par 'les paroles même de sa mère, femme de ·cœur éclairé et fort, Louise s'arracha des bras de sa sœur, que la vivacité

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