BASA

- 169 - ver selon le dessin indiqué, et alors même des paroles humiliantes et dures à la nature ne lui étaient point épargnées. Mais la sœur Louise é– coutait tout et faisait tout avec cette grande humi– lité, cette candeur inexprimable, qui laissait entre– voir la persuasion intime de ne pas mériter mieux. Son obéissance complète n'avait jamais rien à op– poser aux ordres donnés, alors même que son jugement vît évidemment le contraire et l'impossi– bilité même. Quelques faits recueillis avec attention relèvent cette abnégation complète dans la jeune novice. Au printemps de sa première année de noviciat, une fourmillière d'insectes s'était jetée sur les vi– gnes de l'enclos du couvent et sur les légumes du jardin; la mère supérieure ordonna à Louise d'al– ler faire la chasse à ces insectes; et elle, avec une simplicité héroïque dans une fille de son rang, se mit promptement à la tâche et se livra pen– dant plusieurs jours sans relâche à ce travail, au– quel, malgré toutes les peines qu'elle se donnait, elle ne pouvait suffire. Dans le même but d'éprouver son esprit d'obéis– sance, on lui donna un jour à placer, au fond d'une aube, quatre aunes de filoches tandis que, d'après les proportions voulues, il en aurait fallu quatre et demie. La nouvelle religieuse se mit à l'instant à son ouvrage; mais, arrivée au bout, elle s'aperçut qu'il restait de la toile sans filoche. La supérieure, qui la savait dès le commencement, lui en fit cependant une sévère correction accompa– gnée d'une punition; et, pour l'humilier davantage, elle lui ordonna de défaire son travail pendant la récréation; en même temps, elle fit observer

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