BASA
- 151 - l'église cathédrale. Un vendredi, pendant la nuit, plongé dans le sommeil, ce religieux crut être trans– porté au pied du trône de l'Eternel et lui adresser cette plainte : « Seigneur, lui dit-il, pourquoi per– mettez-vous que dans ce pays si bon, si dévoué à la religion, naissent, hélas! tant d'enfants idiots et difformes ? Ce spectacle affligeant ne se présente pas ailleurs. » - Le bon père ne l'avait pas remarqué dans d'autres pays, paraît-il. - Le Seigneur lui ré– pondit : « Qu'on recoure à mon serviteur Joconde. » A ces paroles, le père capucin se réveilla, et, tout surpris, il se prit à réfléchir sur leur signification. Il se rendormit bientôt, et, s'adressant de nouveau au Seigneur, il lui dit : « Pourquoi, Seigneur, ren– voyez -vous ces personnes affligées à saint Joconde, et non à saint Grat, qui est bien plus célèbre par ses miracles? Est-ce que, par hasard, elles auraient offensé saint Joconde, ou porté une grave atteinte à son honneur? » Comme ponr confirmer la vérité de ce que le religieux venait de dire, la même voix fit entendre ces mots: « Il faut que ceux qui privent Joconde de l'honneur qui lui est dû, perdent leur joie dans leurs enfants (1). » Le père sort enfin de son sommeil, et, dans le calme de sa conscience, il examine sérieusement en lui-même le sens des paroles qu'il a cru entendre. Alors il se rappelle que la dépouille mortelle de saint Joconde repose dans une simple caisse en bois. Il se convainc que, par cette vision, le Seigneur avait voulu l'avertir qu'il devait travailler à obtenir (1) • Ut qui Jocundum debito honore pnvant, iucunditatem in ftliis amittant necesse est. ~
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