BASA

48 HISTOIRE DE L'ÉGLISE D'AOSTE Saint Martin est regardé comme le grand évan– gélisateur des campagnes de la Ganle. Il porta ses pas dans les différentes provinces, s'adressant de préférence à la classe agricole, qui n'était rien en– core, mais qui allait précisément surgir à la vie, à la prospérité morale et matérielle, sous le souffle fécond de l'égalité chrétienne. L'illustre apôtre visita, au moins deux fois, la Vallée d'Aoste, vers 347, faisant le pèlerinage de Rome, avec saint Maximin, évêque de Trèves, et en 360, se rendant en Pannonie, aujourd'hui la Hongrie, sa patrie. Saint Sulpice Sévère, qui a écrit sa vie, nous apprend qu'en passant les Alpes, il tomba entre les mains d'une troupe d'assassins. L'un d'eux levait déjà son sabre pour le tuer; mais un de ses camarades retint le bras. Alors on se ravisa, et on livra Martin à un homme de la bande pour le dé– pouiller et le garder. Cet individu l'emmène dans un lieu écarté et commence par lui demander quel il est. Je suis chrétien, répondit-il. N'as-tu pas peur, reprit l'assassin 1 Je n'ai jamais été si tranquille, répliqua Martin ; mais je crains pour vous qui vous vous rendez indigne de miséricorde par le métier que vous faites. Et le voilà qui se met à entre– prendre la conversion de l'assassin, à lui parler de Dieu et à lui expliquer l'Evangile. L'assassin crut à la parole de Martin; il le délivra, le remit dans son chemin et, dans la suite, il embrassa lui-même la vie religieuse. Nous ne savons eu quel endroit précis se passa cette aventure, mais ce fut dans la traversée de nos Alpes. Le cuHe de saint Martin est très populaire dans la Vallée. Oe fait s'explique par les visites que le saint fit à notre diocèse, lesquel~es furent accom-