BASA
SAINT GRAT II 175 n'avaient pas été rebâties et étalaient leurs tristes ruines; leurs décombres et les amas amenés par les eaux envahissantes du Buthier avaient exhaussé le sol public. Le forum n'existait plus, il était cou– vert d'édifices; les remparts et les bastions étaient en partie démantelés. Les quatre portes monumen– tales avaient grandement souffert par suite de lenr résistance aux efforts des armées assiégeantes. Nous croyons toutefois que le pont romain, le théâtre, l'amphithéâtre et l'arc honoraire se montraient en– core dans leur majesté imposante. Leur solidité ex– ceptionnelle avait défié les ravages des siècles. Ils n'étaient pas d'ailleurs autant exposés aux atteintes de l'ennemi. Les conditions religieuses du pays ne se présen– taient pas sous nn jour plus heureux. Les vertus chrétiennes avaient peine à germer et à s'épanouir dans les âmes. La mêlée des peuples rassemblés au milieu de nos montagnes n'était pas encore faite. La haine, la jalousie, la rancnne, la disparité de races divisaient les cœurs. La justice était, la plu– part du temps, à la pointe de l'épée. Que de vols, de rapines, de meurtres souillaient le sol valdôtain ! r~a loi n'était qu'un nom; l'un invoquait la loi ro– maine, l'autre la loi bourgnignone, un troisième fa loi lombarde; la législation était loin d'être unifor– me; chacun n'avait d'autre loi que celle de l'intérêt, d'autre droit qne celui du plus fort. L'unité dans la foi n'était pas non plus un fait accompli. La grande majorité des habitants profes– sait sans doute la religion catholique; mais l'hérésie comptait beaucoup de sectateurs. Les descendants des barbares, qui étaient venus s'abattre sur fa Vallée comme sur une proie, n'avaient pas tous
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=