BASA

- II8 - Elle avait l'air d'ignorer absolument ses mérites et se gardait bien de s'en flatter, L 'adversité ne la troublait jamais et ne lui enlevait m calme ni gaieté de cœur, ni ne changeait l'expression de son visage. Simple et ingénieuse, elle avait 1' air d'être toujours contente ; « Elle avait toujours le petit mot pour rire » ; elle se faisait toute à tous " pour les gagner tous à Jésus– Christ ,, . Elle réalisait le mot de I' Apôtre : In carne ambulalltes non seculldmn carnem mi!itamus sed secundum spiritum. .. » . Candide et franche, elle détestait l'hypocrisie. Tout humble et douce, ell e ne se permettait jamais d'él ever la voix dans la vie privée et domestique. Quand elle avait besoin de quelque service, elle avait l'air de prier ses ser– viteurs plus que de leur commander : « Faites-moi ce plai– sir, disait-elle, faites-moi, s'il vous IJlaît, cette grâce". La paix rayonnait autour d'elle : Mansueti autem !tœreditabunt terram et delecta1nmtur m multitudine pacis. * * * Toutefois ell e ne tolérait pas la désobéissance, ni clans ses enfants ni dans ses domestiques ; si quelques-uns de ceux-ci désobéissaient, sans s'offenser, ell e les appelait, les payait et les renvoyait. Si ses enfants lui désobéissaient, elle ne les maltraitait ni ne les injuriait aucunement; mais elle les obligeait à se tenir debout clans un coin de la chambre où elle travaillait; quelque fois elle les privait d'un peu de nourriture ou de telle autre chose qui leur eut été agréable. Elle les faisait travaill er comme elle-même ; ell e trouvait le moyen d 'occuper même les dames qui all;iient lui ren– dre visite. Un jour qu'un ecclésiastique surprit ces dames ainsi toutes occupées, il se p lut à défi nir les instruments dont elles se servaient du terme plaisant « de chasse diable » .

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