BASA

---: 58 - SON ÉPOQUE Pour que la figure de l'arch. Frutaz revive avec tout le relief de son caractère franc , généreux, je dirai même fier, et pour mieux comprendre l'intonation qu'il a donnée à son zèle pastoral, et les amertumes dont i1 fut le plus souvent abreuvé, il est nécessaire · d' esquisser à grands traits la période historique où il a exercé son ministère. Curé de Gignod, de l'an 1792 à l'an 1820, il a traversé cette longue période napoléonienne, qui ne présente guère une année de paix pour notre pays, témoin de toutes sortes de bouleversements politiques se succédant aux revers des armes, et amenant des remous d'op inions, fata– les à tous les points de vue. La contradiction, avec tout ce qu' ell e contient d'odi eux pour une âme d'apôtre, a été le breuvage à peu près de tous les jours, de ce prêtre gui a beaucoup aimé sa patrie et sa paroisse. a) Patriote et royaliste , il a vu pl us d'une fois son pays envahi, les villages de sa paroisse dévastés, tandis que le roi, rélégué en exil, dans les derniers confins de son petit royaume, n' était pas à l'abri de toutes sortes de · sarcasmes . b) ·Pieux, zélé, il a vu les bandes révolutionnaires d'outre-mont semer les scandales dans la paroisse où l'ar– bre de la liberté menaçait de se substitu er à la Chaire de Vérité . c) Bon et charitable, il fut le témoin écœuré de la misère la plus profonde, victime lui-même de cet état de choses, en présence duquel il devait se contenter de dire : << Misereor super turbam >> sans pouvoir renouveler le mi– racle de la multiplication des pains.