BASA
- 62 - Monsieur Anselme Jacquemod, curé d' Avise, écrit dans son testament : « Les Français, entrant en ennemis jurés de la religion et des ministres de J .-Christ dans le Duché, les prêtres sont obligés d'émigrer >>. Gignod, par son voisinage de la Ville, et de la route du Grand-St-Bernard, par où défilaient les phalanges du premier consul, n 'a pas tardé à sentir l'influence des opi– nions nouvelles. M. Frutaz, type de lutteur inflexible, ardent, inca– pable de tergiversations, a réagi contre le courant nou– veau, sans lésiner sur ses forces et son co urage, et l'ar– deur qu'il mettait dans la lutte n'a pas tardé à susciter des oppositions dans les milieux mal intentionnés, au point qu'un soir d'hiver, en revenant d ' un village, où il avait visité un malade, quelqu 'un s'est permi s d 'attenter à sa vie. C'est probablement à cette occasion qu'il écrivit une lettre à Monseigneur, où, donnant essor à l'amertume de son âme, il présente sa démission : '' J'ai cru, enfin , Monseigneur, recourir à votre clémence pour sortir entiè– rement du ministère que je prévois toujours plus pénible par les déréglements de la jeunesse et l' insouciance des pères, en vous envoyant ma démission >J . 3) Compatissant et charitable, il éprouva cl'nne ma– nière bien sensible le défi cle la contradiction, par cette marche fatalement parallèle cle la misère croissante du peuple et de l'insuffisance toujours plus accentuée des moyens dont il dispose pour le secourir. La période de sa vie pastorale coïncide avec les années les plus douloureuses de la Vallée d 'Aoste, où tous les évènements qui détruisent la paix et l' économi e d ' un peu– ple semblent s'_être donné rendez-vous en même temps. Depuis son entrée à Gignod , jusqu'à la restauration ,
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