BASA

- 86 - prend part à toutes les batailles, tandis que le foyer pater– nel est vide, les champs manquent de main-d'œuvre, et les mères attendent en vain les nouvelles de leurs fils. Sur huit cents soldats valdôtains, partis ·pour la cam– pagne de Russie, deux cents seulement sont revenus. En même temps, d' autres épreuves se greffaient, com– me par ironie, sur l' épreuve terrible de la guerre : maladie mortelle du bétail , sécheresse, ravage de la vigne, incur– sions des sauterrelles, et pour comble de malheur, des con– tributions excessives que le peuple devait fournir en ar– gent et en denrées. Mais ce tableau ne représente que le côté matériel de la grande épreuve ; l'épreuve morale est plus vaste, plus terrible . La Vallée d'Aoste, si attachée à ses traditions et à son roi, passe sous d'autres maîtres, qui, en échange de la sou– mission qu'on leur accorde, arrachent avec violence, à l'âme du peuple, ce qui constitue le patrimoine moral plus sacré : ses convictions de foi religieuse, ses traditions pa– triarcales de famille , et toutes ses œuvres de bienfaisance. Le roi doit quitter sa capitale et l' évêque son diocèse ; pendant 26 ans, le Séminaire reste fermé ; les nombreuses maisons religieuses qui comptaient des siècles d'existence, avaient instruit tant de générations et façonné tant d'âmes, sont aussi fermées, et la famille des religieux et religieuses chassée brutalement en exil. Cette période, pénible entre toutes, coïncide précisé– ment avec la carrière pastorale de M. !'archiprêtre Frutaz. Pour des raisons spéciales, ce vénérable prêtre a trempé ses lèvres avec plus d'amertume, à ce calice de tribulations,

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