BASA

- 107 - tt de philomèle plaintive, de philomèle qui soupire n pour nous évoquer ct le barde aîlé de la solitude >i, le rossignol ; t< de la froide haleine d'Apollon )) , ''d'un doux zéphir n, tout aide l'âme à concevoir un monde idéal, intime, tout imprégné d'émotion intense et d'une vague mélancolie. Gérard sentait le besoin de chanter comme la tourterelle de roucouler, le rossignol de gazouiller. Et il chanta, il chanta constamment, en dépit des soucis absorbants de son ministère. Il n'eut pas le temps, c'est vrai, d'être un grand poëte ; mais pour se délasser, aussitôt, dans les moments de halte, dans le travail, il s'empressait d'aller retrouver sa lyre remisée, " aux jours surtout où l'on ne peut faire autrement, où le désir devient une passion, où malgré tous les serments, il faut que l'on chante ou que l'on pleure, en s'accompagnant sur les cordes harmonieuses... >>. Et il chanta .. . il chanta la grande et pittoresque nature de la Vallée, ses sites charmants, son ciel frissonnant d'azur, ses croyances naïves : "Aoste, que ta Vallée est belle ! >> . Une trempe poëtique si aisée devait se complaire dans les traductions et Gérard entreprit de versifier les trois pre– miers psaumes de David, la Christïade de Vida, Les Lamentations de Jérémie, et L 'Imitation de Jésus-Christ. Après cela, il composa les ct Parfums de l' Autel et la Harpe Sainte n. Certes, dans ces œu vres il y a bien des longueurs assoupissantes, des chevilles et assez peu d'originalité. À cela quoi d'étonnant ? Rien n'est plus malaisé que de 5e mettre à la hauteur de la poësie religieuse et de marcher côte à côte avec la sublimité du style oriental, de l'inspi– ration biblique et de la liturgie sacrée. Il n'y a eu que Racine qui ait su se rapprocher de la divine beauté de nos livres saints dans son Esther et son Athalie .

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