BASA
- XXXVII - de se jouer mutuellement des tours atroces: il voulut aussi faire régner la justice entre les paysans et certains satrapes qui les pressuraient et les tyrannisaient. Parmi ces derniers se signalait Henri, Sire de Quart et frère d'Eméric II. Ce tyran emprisonnait les manants, les empêchait de se rendre aux marchés et aux foires, les accabfait de m'aJtô– tés. Il fut châtié. Il y avait aussi des officiers du Prince qui ne se faisaient point f~ute d'opprimer les habitants de Valsavaranche·. Ceux-ci firent parvenir leurs doléances au Souverain, qui, non content de leur rendre justice, enjoignit au bailli d'Aoste, qui était aussi châtelain de Châtelargent, de leur procurer d'honnêtes défen- , seurs de leurs droits et de faire respecter les Coûtumes du Duché. ,~\~ Pendant un séjour qu'il fit à Aoste, Amédée fit construire cette grandiose Tour d'Ivrée, qui forme encore de nos jours notre admiration. En 1368, il dut à nouveau sévir contre Henri de Quart, et le déposséda de tous ses biens. Ce ne fut que. lorsque, revenu à bonne résipiscence, il promit solennellement d'exercer une exacte justice. sur ses sujets, qu'il le réintégra dans la possession de ses biens. Quelques années plus tard, le Prince est de nouveau à Aoste pour intimer au Bailli de fixer les Cens. dus par les Communiers de La Salle de façon plus équitable et selon le nombre des feux, sans tenir compte des familles éteintes, car chaque feu devait le cens de 12 deniers, soit un sol gros. Il arrivait souvent que les roturiers se. plaignaient des vio– lences des Seigneurs. Le Comte. accueillit leurs plaintes et ré– prima bien souvent, par son autorité souveraine, l'insolence des tyrans sans scrupule, sans conscience, avides seulement des dépouilles de leurs sujets pauvres, faisant ainsi régller l'hon– nêteté et la justice. Il en donna une: preuve éclatante par les grandes enquêtes qu'il ordonna à l'occasion de son prochain départ pour la Croisade en Orient en 1366. Il envoya à cette occasion des enquêteurs avec le mandat d'écouter les plaintes que ses sujets .pourraient élever contre les abus commis par les Nobles, les Officiers de la Cour, avec l'ordre d'y faire droit aussitôt. Il ne voulait .pas partir pour la Croisade ayant la moindre injustice sur la conscience. La stricte justice cependant ne suffit pas pour le Comte: ou plutôt elle se couronne chez lui d'une veste plus délicate. savoir elle s'exprime en bonté et en dévouement envers les malheureux et les opprimés. Amé VI aima vraiment son peuple.
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