BASA

de la Vallée d'Aoste, pour laquelle Elle avait. tant soupiré et qu'elle avait, comme nous, préparé, en esprit de grande fidélité, dans l'effacement, dans la souffrance et l'amour. La dernière fois que je l'ai vue Elle avait déjà quelque chose en Elle-même qui semblait appartenir à un monde, supérieur, irréel. C'était un aprés midi, tranquille et silencieux, à l'Hôtel-de-Ville, dans mon bureau, où je vivais con· tinuellement épié par les nazi-fascistes et où je rem– plissais une tâche passive après les procès que j'avais subi au Tribunal Spécial et à celui Militaire de Guerre de Turin. M.lle Galeazzo n'a.vait pas crainte de venir mè trouver et de s'entretenir longuement avec moi, tandis que tant d'autres personnes, même parfois bénéficiées, se tenaient à l'écart. Elle me parlait, ce jour, avec un timbre de voix plus clair, je dirais même plus sonore et plus péné· trant que d'habitude, comme le son éloigné des petites cloches de montagne, dans les heures nostalgi– ques et douces de l'Angelus. quand leur appel arrive comme une caresse soudaine et vivifiante pour griser de tendresse et l'oreille et le cœur... Ses belles petites mains, ornées d'une délicate bagua aux étranges pierreries moirées, posaient, dans un geste presque d'intime abandon, sur ma table et les ultimes rayons du soleil jouaient avec des reflets alternés sur ce bijou porté avec tant d'harmonie et de naturelle simplicité. Et ces rencontres étaient, toujours, d'une exquise amabilité et d'une cordialité presque familière. Elle venait souvent me voir; surtout après ma longue période de vie clandestine, et je comprenais bien qu'Elie cachait, au fond de son cœur sensible et gé-

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=