BASA

de l'honneur · personnel. Elle avait toujours, aussi, un point de vif regret, d'inexprimable mélancolie pour les séjours de Pléod, ce petit paradis des temps heureux, presque égaré, dans la lucidité d'un songe, parmi la suave fraicheur des grands arbres ombra– geux, où les journées s'écoulaient pleines d'entrain, de repos et de travail, jusqu'à la rentrée, pour la classe, en octobre, quand la belle colline d'Aoste, un peu sauvage mais si animée de chansons du ter– roir, se couvrait d'une teinte de pourpre et d'or... Autrefois encore c'étaient des longs colloques sur l'esprit et l'œuvre du Groupe d'Action « La Jeu– ne Vallée d'Aoste », ce dernier rempart de la liberté et du droit de notre petite patrie; c'était l'évocation bénissante de la majestueuse figure morale du com– mun Ami Abbé Joseph Trèves, récemment disparu et qui avait été l'âme motrice et l'apôtre inlassable de ce mouvement régionaliste et de cette profonde renaissance spirituelle qui aurait eu une part si im· portante dans l'avenir et les destinées du pays... Issue d'une des familles les plus honorables et les plus distinguées de la Cité - qui unissent à la noble5se des œuvres celle de la lignée (Elle descen– dait, par son père, de la famille noble des Regis qui a donné à la patrie des hommes d'armes et de pen– sée) - Mademoiselle Célie Galeazzo portait en Elle même, dans les actes habituels de la vie, dans sa mission d'éducatrice, l'esprit de la tradition des grands foyers valdôtains et les manières instinctives des véri– tables grandes dames ; tel fut, du reste, le geste u lti– me de sa volonté par lequel, bien loin de vouloir s'imposer à la gratitude et au souvenir de sa terre natale, Elle efface son nom en passant en bénédiction auprès de ses compatriotes et érige, presque invo– lontairement et dans la modestie coûtumière, un mo– nument superbe et impérissable à sa mémoire.