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ACADÉMIE S. ANSELME 133 ayant trouvé un prétexte pour revenir en Vallée d ' Aoste, y descen– dit par la voie du P~tit-St-Bernard, ils « prirent les armes et al– lèrent se retrancher à Pierre-Taillée, arrêter les armées de Amé– dée IV . Le -comte essaya plusieurs fois d'emporter cette forte position ; il fut toujours repoussé » . Ce ne fut que lorsqu'ils ap– prirent que le gouverneur allemand et l'empereur lui-même ve– naient de mourir que les gentilhommes de la Vallée résolurent d'accepter la suzeraineté d'Amédée IV, à condition toutefois que celui-ci renouvel â t la convention de 1191, et, en plus, concédât de nouvelles et plus amples franchises. C'est ce qui fut fait (voyez De Tillier : Historique, édition 1888 , pages 60, 61, 62 ; Mgr Duc: Esquisses historiques, deuxième partie, p. 61 ; chan. E. P. Duc: La Maison du Grand-St-Bernard, pages 44, 45, 46). Ce fut alors que quelques seigneurs qui, en 1191, n'avaient pas signé le contrat, y donnèrent leur adhésion . Il s'agissait donc, comme je l'ai dit, d'un contrat d'égal à égal. Les Savoie ne furent, dès et depuis lors, les suzerains de la Vallée d'Aoste qu'en tant qu'ils prêtaient le serment de res– pecter tous les droits et toutes les libertés de notre pays. Cela est si vrai que les Valdôtains ont toujours exigé ce ser– ment de la part de chaque prince de Savoie, avant de lui renou– veler le serment de fidélité. Et jusqu'au roi Charles Emmanuel III les princes ont tous prêté ce serment, sans broncher et sans protester. D 'autre part, le refus de Charles Emmanuel a suscité les protestations des Valdôtains, mais ceux-ci·se trouvant en face d ' un monarque devenu très puissant, ont dû succomber. Ce fut la force qui prima le droit. Mais si le droit a été foulé aux pieds par le roi, il ne cessa pas pour cela de subsister, car l'injustice est bien en quelque sorte une preuve de l'existence de la justice. On peut donc conclure que la thèse de De Tillier conserve toute sa force et toute sa valeur. En l'embrassant, on est dans le juste et dans le vrai.