BASA
ACADÉMIE S. ANSELME 165 on peut travailler ou même torturer son style à la mesure d'un mètre et à la recherche d'un écho, mais on n'est pas poète, ou on est le commence- d ' ' ment un poete. Gérard a été, avouons-le, un versificateur né, de nature, de source. La rime, le rythme sont sa nature, sa seconde, peut-être toute sa nature. Il a besoin d'écrire en vers, comme nous, les profanes, nous écrivons en prose, ou nous sentons besoin de marcher, de voyager, de lire, ou bien d'avoir un goût pour la musique, la peinture ou autre. Il a eu, lui, le goût inné de la poésie, il fut, dit le Duc de Bauffremont, un poète dès sa plus tendre enfance. Et pour cela, il avait de la facilité: on connaît la chanson impromptu qu'il a composée à la fin d'un repas sur le champagne; vers d'ailleurs extrêmement plats et dignes tout au plus d'une gageure bachi– que, mais qui témoignent de la spontanéité de son talent rythmique . . Et, ayant la facilité, il a eu l'abondance. Il n'a pas été indolent : du moment qu'il avait un feu sa– cré, il y a obéi, et sans trêve. Poésies de circons– tance, car le poète doit servir, doit savoir interpré– ter les sentiments du moment, poésies patriotiques, et ici notre poète a chanté l'amour de la patrie, de sa petite patrie à laquelle on pensait alors, dont on parlait sans honte et sans reproches, puis de l'Italie, qu'on a adoptée tout de suite chez nous, qu'on a sa– luée sans voir de prè~ ce qu'elle aurait fait plus tard chez nous, puis encore il a aimé notre langue fran– çaise, dont on parlait alors avec une de ces ardeurs
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