BASA
ACADÉMIE S. ANSELME soumise à des règles, elle a ses lois, si on les trans– g resse, ce nest plus la poésie, ou si vous voulez, c'est de la poésie , ce n'est plus de la versification, car si on peut être versificateur et non poète, on peut encore plus être poète et non versificateur. Se permettre de faire rimer le pluriel et le sing ulier, les assonances pauvres, .ce n' est plus du méti er, c'est de la fantaisie. Puisque la parole est l'habit de la pen– sée, ces licences sont du débraillé, ou du laisser– aller, ce n'est pas la r ègle. Notons que ces moder– nisations outrées ne sont pas encore entrées chez nous : même nos tout modernes poètes, Léon Marius Manzetti et Louis Viérin, dont nous parlerons peut– être tout à l'heure, ont échappé à cette décadence. Pour Gérard, donc, ri en que du classique, et même trop de classique, trop rég uli er, trop coulant, du monotone. Pris les uns séparés des autres, les vers ne ma nquent pas de g ravité , d'aisance sympa– thique, mais il manque du relief, quelques faux ac– cords qui se résolvent en des motifs nouveaux, c'est une musique douce et chantonnante, sans éclats: et cependant si quelques-uns de ces vers étaient débités par des arti stes, ils soutiendraient la diction . Voyez ceux-ci , traduits du livre de Job : E t ·vous, mes chers amis, témoins de mes malheurs Qui venez d'arriver pour rossuyer mes pleurs! Quel effroi vous saisit .'R H élas ! mon infortune Vous pousse à m'adresser une voix importune. Vous ai-je dit peut-êb e : apportez-moi vos biens .'R Venez me délivrer et briser mes liens ? Je n'attendais de vous que de sages paroles; Et vous m'étourdissez par vos discours fr ivoles.
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