BASA

ACADÉMIE SAiNT ANSELME Un g rand bonheur de M. De Tillier, c'était de pouvoir répéter que sa chère Vallée d'Aoste ne fai– sait partie ni du Piémont ni de la Savoie,· il l'ap– pelait un État intramontain. Vraiment, pour peu que nous considérions ces institutions spéciales, dont notre généreux chroni– queur déplorait le déclin, nous sommes étonnés de leur importance, de leur extraordinaire durée, et nous sommes forcés d'admettre avec lui que la Val– lée d'Aoste formait jadis un véritable petit État : elle avait son Parlement à elle, ses coutumes, sa Cour des Connaissances, son Hôtel des Monnaies, sa petite armée ; elle déterminait le nombre de ses soldats et le montant de ses donatifs ; elle défendait sa frontière, traitait avec ses voisins, avec des puis– sances étrangères ; son Conseil des Commis avait une juridiction presque illimitée. Avec tout cela et avec ses franchises, ses pri– vilèges, ses neutralités, son grand commerce de tran– sit, la Vallée d'Aoste dut être, pendant plusieurs siècles, un pays relativement tranquille et heureux dans son isolement et son autonomie. Mais déjà au temps de De Tillier, ces beaux jours étaient finis et bien finis. Aoste la Pucelle avait été outragée par des invasions réitérées; le charme séculaire qui l'avait protégée n'était plus; le commerce avait cherché d'autres voies plus faciles et plus rapides ; ses privilèges, ses institutions et ses familles nobles s'en allaient à la dérive ; le vieil édi– fice croulait de toute part : le nouveau roi Charles-

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