BASA

60 ACADÉMIE SAINT ANSELME instituée pour accompagner les cr~minels conduits au supplice ou les d éfunts qu ' on portait au cimetière. Un espace séparait la théo;rie de ces hommes vêtus d'une mamere si lugubre du groupe bariolé des autorités et du clergé qui formaient la seconde partie du cortège. Dans cet espace libre avançait seule la frêle sifüouette d'une jeune fille de vingt ans, image vivante de la ma– cération et du rrenoncement. Elle tenait les mains join– tes et les yeux tournés vers le ciel. Sa chevelure abon– dante, qu'on avait aspergé de cendire, retombait sur ses épan]es et sur sa figure et cachait une partie de son visage, car l'eau lui avait cdllé les cheveux aux tempes. Habillée d'une bure grossière couleur noisette qu'une corde serrait à la taille, elle mairchait comme en extase sans se soucier d e la pluie qui ruisselait sur ses joues de pâle ivoire, tandis que ses petits pieds, que ne préser– vaient ni chaussures ni sandales, pataugeaient dans la boue froide et gluante, car en ce temps -là les rues des vil]es n'étaient pas enc()['e pavées. Le groupe des religieux en surplis et des chanoines en chapes écarlates, qui suivaient la jeune fille, compo– sait avec les costumes aux teintes voyantes des autorités une note de couleuir qui faisait un vif contraste avec le funèbre habit des confrères de la Bonne Mort. La foule s'amassait au passage du coirtège et ne pouvait détacher les yeux d e cette jeune pénitente maircihant pieds-nus sous la pluie et qui était sur Œe point de quitter le monde pour se cloîtrer pour le /l'este de ses jours dans cette lo– gette qu'on lui avait e}rpressement aménagé. L''habit dont elle était revêtue ne lui ôtait rien de sa beauté, au con– traiire il semblait. ajouter à l'éclat de sa jeunesse celui de la piété et de la vertu. EŒle avançait au milieu de la foule environnée de cette auréole que l' Eglise donne aux Saints et une socte de respect saisit .tous ces gens

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