BASA

ACADÉMJE SAINT ANSELME 61 qm se sentirent forcés de reculer pour laisser entre elle et eux une distance convenable. En entrant la jeune fille s'était aussitôt jetée à ge– noux et dans cette posture elle avait assisté du fond de l'église au Divin Sacrifice et écouté le sermon de l'Abbé de Corbie que l'immense foule dont le temple était bondé, avait suivi dans un silence religieux. Le se11mon fini on a– vait dhanté l'office des morts: seulement alors la péniten– te s'était levée et, suivie des ireg.ards .avides de la foule, é– tait venue s'agenouiller sur les marches du choeur en in– cilinant la tête pou[' qu'un confrère de la Miséricorde put lui couper ses longs cheveux. Srnr sa tête !l'asée on posa un voile noir et après que l'Abbé eut écouté sa profes– sion et accepté ses voeux de clôture perpétuelle et abso– lue, elle récita d'une voix claire et assurée la prière qu'un vieux manuscrit nous a tll'ansmis dans son texte 0<riginal : « Voyez, chière Dame de douleurs - lui fait dire la chronique - voyez et oyez nos soupirs et nos désirs. Ce vos est fort cogneu corne quoy nous avons par grande ardour de basiell' vos bênoicts pieds et [es rurrouser de nos pleull's et voir le regard de vos tant doutx: yeux et en recevoir focce et lumière. Hayez donc en compassion nostre peine et regret et ne nous délais– sez pas en notre détresse ». Le cortège s'étant l['eformé, on sortit de l'église pou[' rejoind!l'e la logette. La jeune fille reçut des mains de l'Abbé la clef de la porte de sa nouvelfo demeure. Cal– me et d'une main ferme elle fit jouer la serrure, ouvrit et baisa le seuil avant d'entrer. 1 La porte se refocma der– rière elle, un ouvrim couvrit de cire rouge la se1Tull'e et l'Abbé y apposa son cachet. Colette Boel~et croyait a– voir t·rouvé enfin l'idéal qu'elle cherchait depuis long– temps. mais Dieu, comme nous le vell'rons, disposait au– trement de cette âme privilégiée et l'appelait sur une voie plus active.

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