BASA
ACADÉMIE SAINT ANSELME 139 d'entrainer dans leur catastrophe une trop grande partie de ce qui mérite de ne pas périr. Ici encore c'est le désarroi; ici en– core l'humanité est en détresse. Désarroi de la vie internationale Dans le courant du siècle, qui vient de nous précéder et plus encore au cours des premières trente années de notre siècle, l'or– ganisation des Etats a été caractérisée . par une centralisation pro– gressive et étouffante. Un chauvinisme de la pire espèce, un na– tionalisme outré ont ouvert dans bien des Pays les voies aux pi– res dictatures, ont creusé des abîmes entre les divers Etats et ont jeté l'humanité dans des guerres épouvantables. Ces barrières, frabriquées surtout par les politiciens et qu'on appelle 11 frontières d'Etat 11, ont été rendues plus rigides et on a trop souvent enseigné aux peuples placés d'un côté et de l'autre de ces cloisons plus ou moins arbitraires, à se regarder avec méfiance, parfois même avec haine, comme si les hommes n'é– taient pas, en fin de compte, tous véritablement frères, comme si Je fait de pouvoir communiquer les uns avec les autres avec un peu moins de difficulté et avec un peu plus d'esprit de fraternité, n'etait pas chose souverainement souhaitable, à tout point de vue. Et voici que sur un petit continent, comme l'Europe, pèse lourdement une épée de Damoclès. C'est ainsi que l'Europe court toujours le risque d'être assaillie par une nouvelle crise de folie, qu'elle communiquera au monde et qui, selon des. probabilités assez bien fondées, pourrait être la cause de sa ruine définitive et de sa mort. Donc: désarroi des individus, désarroi de la société, désarroi ile la vie internationale. Un guide de l'humanité Et vous, M. Daniel-Rops, vous avez admirablement signalé na– guère cet état de choses, dans votre article magistral: u Procès de la science 11, paru dans 11 France- Illustration 11 lorsque vous a– vez écrit: 11 Nous vivons, il faut le reconnaître, dans une situation assez inconfortable, dans un état de terreur latente... 11 Il n'est pas un de nous, si calme qu'il se veuille, qui ne sente en lui passer de temps à autre le frisson d'une terreur
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=