BASA

ACADÊMIE SAINT ANSELME XIX et ne pas se mettre à la remorque des intrigues qui l'environnent. Mgr Duc a dem'Lndé à être exonéré de sa lourde charge après trente cinq ans d'épiscopat très laborieux. Il y a toujours pour l'homme qui descend volontairement d'une position éminente une certaine grandeur qui commande le respect et l'amour. Quant à Marguerite de Savoie, elle fut un modèle de reine, d'épouse, de mère, une chrétienne exemplaire, un ange de charité, une fée de bienfaisance, une âme artistique, très éprise d'idéal, bien cultivée. Les lettres de ces deux personnages ont un intérêt historique. Elles nous font connaître les évènements de l'époque, comme la guerre d'Afrique que Mgr Duc désapprouve et sur laquelle la reine ne se prononce pas, tout en la condamnant peut-être dans son for intérieur, l'attentat en 1897 contre le roi Humbert que le prélat flétrit avec des accents de vive indignation, l'exécrable émeute socialiste de Milan en 1898 qui consterne Marguerite et lui inspire cette réfü•xion : (( Pas d'étonnant que sans la foi et l'espérance des biens futurs et sans la crainte des châtiments d'ou– tretombe, les déshérités de la fortune se livrent à tous les moyens violents et illicites et que les riches soient sans entrailles et sans cœur ». Mais dans la lettre du 2 février 1899, l'évêque fait part avec fierté à la reine que le procureur du roi a pu constater que durant toute l'année 1898 il ne s'est pas commis un seul meurtre darts tout l'arrondissement d'Ao ste. L'année suivante, en 1900, la souveraine doit déplorer le plus abominable crime du siècle, le régicide de Monza, et épancher son inconsolable douleur à Mgr Duc, dont la lettre de condoléances nous manque. L'élévation du cardinal Joseph Sarto au Souverain Pontificat la réjouit et les ascensions du Duc des Abruzzes l'enthousiasment parce que, dit· elle, elles intéressent aussi la science. En réponse à une lettre du prélat, Marguerite évoque en des termes touchants le souvenir du baron Peccoz, mort tragiquement dans une ascension sur le Mont-Rose, et compose elle même la prière pour l'image-souvenir du défunt.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=