BASA

ÀCADEMIE SAî:N'r ANSELMÉ 187 plutôt, il savait en détourner chrétiennement le flot. Coeur attristé et inquiet de demain, tu pleu– res?... Dieu est là, Providence bénie qui prend soin de l'oiseau et du lis des champs. Il ne peut pas t'abandonner. Voici d'ailleurs le re– frain préféré qui donnait un accord saisissant au fond habituellement si varié de ses sermons. Coeur décu, tu pleures ?... La montagne est là, l'immuable, la fidèle, l'incomparable a– mie... Et, tout au long cours de son plus bel â– ge, il partait à n'importe quelle heure et par tous les temps. Épris de solitude, il pouvait a– lors oublier sur la cime aérienne l'amertume ou l'appréhension naissante et y puiser courage et assurance. Je me souviens que chaque fois il rentrait à la bourgade à la nuit tombante et que le len– demain il ne manquait guère de me livrer les impressions de ses escalades: que, tout d'a– bord, il y avait cent cinquante ans environ que nos Alpes et celles de notre bonne voisine la Suisse n'existaient pas au point de vue alpinis– me, qu'il ne voulait pas, lui, placer au milieu de ses conquêtes alpestres des exploits témé– raires, car l'on pouvait être un alpiniste émé– rite sans dépasser toutefois le plaisir maximum de l'aventure, que poussées à l'extrême, les re– cherches des difficultés deviennent absurdes, ou simplement démentes. Et il me parlait de ce