BASA
188 ACAbEMIE SAINT ANSELME tel ou de ce tel autre qµi avait poussé la chose si loin qu'il en était revenu estropié et incapa– ble à jamais de refaire des ascensions. - Bref, me disait-il, point de désir de pré– valoir, de vouloir vaincre... Il vaut bien mieux donner à la montagne l'impression d'être vain– cu et de devoir s'en retourner bredouille... Vou– loir braver des rafales, gagner des hauteurs hostiles, c'est tout simplement s'exposer à se rompre dix fois le cou... Puis il me parlait de !'alpinisme solitaire, me disant qu'un des meil– leurs compagnons de l'alpiniste c'est... de ne pas en avoir, car il était persuadé qu'on ne jouit complètement de la montagne que si l'on est seul à seul avec elle, sans aucun témoin. «A– lors, mais alors seulement, el1e se donne toute è vous, vous découvre l'un après l'autre tous ses charmes, vous fait ses meilleures confiden– ces. C'est alors, alors seulement, que vous sen– tez sur votre visage son haleine brûlante, vous sentez son coeur battre contre votre coeur, vous sentez son âme unie à votre âme... », Certaines autres fois, en voyant que mes questions n 'étaient pas complètement dénuées de bon sens, il abordait d 'autres sujets monta– gnards. Oh, comme il connaissait le secret d'a– nimer la conversation par des historiettes origi– nales et pleines de charmes et d'à- propos, des mots vifs et savoureux, des instantanés cueil– lis sur le vif qui faisaient rire de si bon coeur !
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