BASA

20 ACADEMIE SAINT ANSELME fant, sa voix pleine, sa démarche lente, le regard assuré, dans lequel brillait cet ineffable trésor de bonté et de franchise qui mettait tout de suite le monde à l'aise. Il avait vu le jour à Paris en 1910, mais les années de son enfance et de son adolescence s'ééoulèrent dans ce riant parage . de Brusson, qu'on nomme l'Arcesa. Issu de parents chrétiens et élevé dans cette atmosphère tout imprégnée de piété, il sentit bien– tôt naître et se développer dans son cœur, d'une façon bien mar– quée, la vocation à l'état ecclésiastique. De si heureuses disposi– tions devaient, après les cours primaires à Brusson, tout naturel– lement le conduire au Petit et au Grand-Séminaire d'Aoste. Là, il se signala constamment par la candeur de son âme, par son goût et son aptitude pour la langue fran çaise et italienne, mais non pas trop pour les sciences en général. Aussi bien, s'il était fort en thèmes, il ne l'était certainement pas en mathématiques, en phy– siques, en histoire naturelle, en géographie. Quant à l'histoùe, il s'y passionnera plus tard . En 1935, orné de toutes les vertus sacerdotales, et assez tJersé dans la science sacrée, il gravit les marches de l'autel. La paroisse de S. Jean d'Aoste eut les prémices de son ministère. Doué d'un caractère ouvert, enjoué, décidé dans son langage comme dans l'allure, de la fermété dans l'âme, ignorant la duplicité, les dé– tours hypocrites, le vicaire Bréan frayait facilem~nt avec tout le monde. Tous aimaient sa piété sans ces escarpements des vertueux f éroces, son zèle, sa culture, l'aménité de son caractère, son ab– sence de toute étiquette. En chaire, sa voix de basse profonde, la plupart du temps, contenue, calme et paterne, avait parfois des intonations rudes, des résonances tonitruantes, surtout quand il s'agissait de stigmatiser des abus, certains travers de l'humanité. Alors on entendait retentir comme un éclat de tonnerre ces paro– les: « C'est ignoble, c'est abominable, c'est satanique.... Non cela n'est pas permis!.... Allons donc! ne nous contentons pas des pra– tiques extérieures des bigotes, du formalisme des cafards, mais soyons honnêtes, foncièrement chrétiens toujours et partout, surtout dans nos actes... ~ Cette éloquence, genre Bridaine, et pas acadé-

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