BASA

. 22 ACADEMIE SAINT ANSELME ces, aux splendides fiertés. Son indépendance native, les fermes allures de son esprit, la vigueur de son âme se révélèrent dans la rédaction du « Pays d'Aoste » et déjà auparavant dans « L'Au– g usta Prœtoria >) . Tout en n'y épargnant jamais les vérités du tac au tac, sa polémique n'était ni acérée, ni acrimonieuse; les vhrases trucu· lentes, vulg aires, massives répugnaient à sa nature indulgente. Toutefois au lieu d'encaisser toujours les coups, il savait aussi les rendre, sinon toujours avec usure, au moins avec une charitable générosité et avec discernement. Mais s'il pouvait avoir d'adver– saires, il ne pouvait avoir d'ennemis. D'ailleurs lui même était in· capable de haine. Cet écrivain plantureux n'était pas embarassé à tourner sa phrase qui jaillissait spontanée d'un fond profondément élaboré. Il ne connut pas ce que Flaubert appelait « les affres du style ». Il avait une préférence marquée pour notre langue maternelle, quoiqu'il maniât aussi l'idiome de Dante avec aisance et dextérité. Ce qu'il y a d'étonnant et d'admirable à la fois, c'est que cette culture de la parleure française se développa elle même chez lui dans la direction de ses forces innées à une époque où cette Zan · gue était traquée, voire complètement bannie de l'enseignement. Une chose est certaine, c'est qu'il fut un grand dévoreur de livres. Voilà pourquoi, hormis quelques solécismes qui, de temps à autre, déparaient sa phrase, on ne pouvait lui faire beaucoup de griefs sous le rapport de l'orthologie. Mais wie qualité essentielle qu'on devait reconnaître à ses productions littéraires, c'est la clarté. M. Bréan était _un esprit cultivé mais lucide. Il ne lui plaisait pas d'élire domicile dans les nues, d'errer parmi l'azur vague à la poursuite des fantômes. Ses articles étaient clairs. Et tels de ses écrits comme « En Suisse», « Le Tilleul )) ont souvent l'élégance mystique, le souffle des plus belles p ages de Manriac. De bonnP. heure, notre publiciste s'était pris d'une belle ardeur à étudier, à travers les brumes du passé, ces époqnes de saine liberté, de fière indépendance, de religion indéfectible . où vivaient

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