BASA
26 ACADEMIE SAINT ANSELME car ces excellents religieux nous accueillent toujours comme des frères ; ils nous considèrent cumme des leurs, ayant la même men– talité, la même tournure d'esprit. Ce mot de frères que nous nous donnons a de quoi frôler nos âmes avec une douceur infinie, car frères nous le sommes non seulement par la communauté d'idéal, non seulement par la reconnaissance que nous leur devons et qui nous attache à eux par des lims impérissabies, mais aussi par la communauté de langage, de traditions, de passé et même aussi de race. Il est seulement regrettable que la Maison de Savoie ne les ait pas mieux traités, il y a quelque deux cents ans. Les relations de M . Bréan avec des écrivains de la Savoie lui procurèrent la nomination de membre de leur Académie, laquelle probablement publiera une de ses œuvres restée inédite. Autour de lui se groupèrent de j eunes énergies, de forces viies, des aspirations magnifiques d'indépendance, de cluistianisme mili– tant, de restauration. A . cette jeunesse d'élite, il 1éinfusa le sou/ fie de cette belle vie d'antan, tout imprégnée d 'un fier et pur pa– triotisme va ldôtain, il recréa la conscience de cette glorieuse terre ou germèrent des palmes pour les survivants et des lauriers pour les morts ; il leur fit sentir la fierté de cette p etite p atrie dans son langage et ses antiques et inviolables franchis es. Maintenant g râce à lui, ces jeunes gens sont pris d'une belle ardeur à plon– ger leurs regards à travers les arcanes du passé, à évoquer l'om bre de leurs ancêtres, qui leur ont transmis avec l'héritage de leur fortune, to1it arrosée de leurs sueurs, le patrimoine non moins sa· cré de leur langue. Du fond de leur bien aimés cercueils, fais ant chorus à la voix de Bréan, vibrante encore, retentit à ces jeunes oreilles la voix de leurs leçons: « Oh! n'oubliez pas, ne dédai– gnez pas ceux qui vous ont comblés de faveurs; respectez leur s mœurs, leurs usages, surtout leur langue » . Et ·ces doux accents qui vibraient sur les lèvres de nos vieillards et, que des nationa– listes farou ches voudraient étouffer, font vibrer les fibns du cœur de cette brillante jeunesse formée par Celui dont nous évoquons le souvenir. Le présent et l'avenir sont inséparables de l'âme du passé.
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